Swift Hesperange, trêve de plaisanterie

Sur courant alternatif depuis le début de saison, le Swift a profité de la trêve pour parfaire ses automatismes. Après Reims et les jeunes de Genk, les champions en titre espèrent mettre les gaz pour la reprise du championnat et lancer enfin leur saison.

En football, on dit souvent que le plus difficile est de confirmer. Après les succès vient, forcément semble-t-il, un moment de relâchement. C’est naturel, diront certains. La rançon de la gloire, d’une certaine manière. La sensation de satiété après un bon repas. Champion du Luxembourg la saison passée, le Swift n’a pas réactivé le mode rouleau compresseur. Il faut dire que l’été a été animé du côté d’Hesperange : nouvel entraîneur, nouveau staff, (beaucoup) de nouvelles recrues et des matchs de Coupe d’Europe dès le mois de juillet. « Il ne faut pas oublier qu’on a eu 17-18 nouveaux joueurs, c’est quelque chose qu’on n’arrive pas à contrôler », précise Carlos Fangueiro, arrivé sur le banc en provenance de Dudelange. « On a mis un nouveau système en place, avec une nouvelle idée de jeu et on a mis la barre très haut, dès le premier match contre le Slovan Bratislava : qualité de jeu, envie, agressivité, organisation… »

Dur retour à la réalité

Le club dirigé en coulisses par Flavio Becca a ainsi dû digérer la désillusion de la Coupe d’Europe. « On a senti qu’on était capable d’atteindre la phase de poules, mais on n’a pas été présent contre Struga. Ça nous a énormément coûté et c’était difficile de remotiver tout le monde.  » La Coupe d’Europe désormais derrière lui, le Swift s’est concentré sur le championnat, où il est moins souverain que la saison dernière. « On est à deux points du leader. C’est un championnat très costaud, très bizarre, où tout le monde peut battre tout le monde, mais on est présent. Qu’est-ce qu’il nous manque par rapport à la saison dernière ? Rayan Philippe et ses 32 buts », lance Fangueiro. « Dominik Stolz, qui avait inscrit 29 buts, est moins décisif pour le moment également. On l’a essayé à trois postes et on a respecté son souhait de jouer en 10. Il est très important pour nous et on veut l’avoir à son meilleur niveau. Avec notre manière de jouer, notre idée de jeu, notre système, et avec un Rayan Philippe et un Dominik Stolz devant, on serait champion à la trêve. »

Avec l’arrivée de Carlos Fangueiro, son staff et plusieurs joueurs dudelangeois (Morren, Skenderovic et Sinani), l’effectif du Swift a dû s’adapter à une nouvelle méthode de travail. Dans le même temps, l’entraîneur portugais et ses adjoints ont dû composer avec les nombreuses nouvelles recrues pour trouver la bonne animation. Un paradoxe quand on voit la profondeur de banc à chaque poste. « Quand on a 40 joueurs, tout le monde veut jouer. Je les respecte énormément, ça me fait mal d’en mettre de côté, mais il faut parfois faire des choix. Notre objectif est de mettre en place des séances pour que tout le monde puisse être motivé et se montrer. C’est très difficile, on s’entraîne sur un terrain qui n’a pas les mêmes dimensions que celui où on joue le week-en. C’est un détail qui fait la différence. » 

« Il nous manque toujours ce profil
de buteur de surface »

CARLOS FANGUEIRO

Avec une quarantaine de joueurs sous sa coupelle, Carlos Fangueiro découvre les joies de disposer d’un effectif pléthorique. « Si vous me demandez si je préfère avoir moins d’une quinzaine de joueurs comme à Dudelange en deuxième partie de saison ou avoir quarante, bien sûr que je préfère en avoir quarante. Il nous manque toujours ce profil de buteur de surface. J’analyse chaque match et à part la première mi-temps à Struga, on a dominé tous les autres matchs, mais on a raté énormément d’occasions. Le manque de réalisme est énorme, il nous manque ce finisseur, capable de bien jouer dans la surface et qui n’a besoin que de deux opportunités pour marquer. » Alors que Lado Akhalaia a marqué des points aux yeux de son coach ces dernières semaines, Carlos Fangueiro ne voit pas en lui ce pur numéro 9. « Il a le gabarit pour, mais aime dézoner et sortir de l’axe. Il n’est pas constant d’un match à l’autre puisqu’il arrive à conserver le ballon dos au but dans certains matchs, mais pas dans d’autres. » Et Rachid Alioui dans tout ça ? Arrivé au cours de l’été après une pige en National, les observateurs voyaient en lui le successeur idéal de Rayan Philippe à la finition. « Déjà, chapeau à lui d’être venu en essai ici, pour un gars avec une telle carrière. On savait qu’il n’était pas bien physiquement, probablement à 60-70 %, mais on a tout de suite vu qu’il avait beaucoup de qualités. On a pris la décision de le faire signer et, même en n’étant pas à 100%, il nous a apporté des choses qui nous manquaient dans l’équipe. Rachid n’est pas vraiment un joueur de surface, il est meilleur en tournant autour d’un autre attaquant. »

Plusieurs systèmes et l’embarras du choix

Si le Swift cherche encore le successeur de Rayan Philippe, l’équipe s’est bien renforcée à d’autres postes clés. Charles Morren fait le job à merveille dans l’entre-jeu pour remplacer l’ancien capitaine Mehdi Terki. Simão Martins s’est installé en défense centrale, tantôt dans un système à 3, tantôt en 4-1-2-1-2. Cette évolution dans l’animation s’explique de deux façons : d’abord, pour palier les blessures. Ensuite, pour tenter de régler les problèmes d’efficacité devant la cage adverse et essayer de trouver la bonne formule. « C’est un ensemble. Trouver la bonne manière de jouer devant, les blessures, le cadre qui me permet de changer, pour aussi faire jouer tout le monde. À l’inverse, changer tout le temps, ce n’est pas bon non plus, on perd en identité. J’adore le système à trois centraux, l’animation avec un 10 et deux attaquants, mais ça dépend aussi de l’adversaire et des zones dans lesquelles on doit trouver des espaces. On peut faire jouer certains joueurs en fonction de ça, ou même changer de système et d’animation en cours de match. »

Enfin, l’une des décisions fortes du coach portugais a été de placer Youn Czekanowicz dans les cages, au détriment de Geordan Dupire, meilleur gardien du championnat depuis deux saisons. Une hiérarchie loin d’être gravée dans le marbre. « Même si c’est un poste spécifique, si j’en vois un plus fort, il joue. Youn a sauvé un penalty au Fola, a fait plusieurs arrêts interessants sur les transitions offensives adverses. Il ne faut jamais oublier Geordan, qui était un monstre ces deux dernières saisons. Sadin est arrivé et gagne aussi sa place dans l’équipe. Il n’y a pas de numéro un, deux ou trois. C’est ce que j’aime. »

Après Genk et Reims, l’heure du football champagne ?

Pendant la trêve internationale, le Swift a peaufiné les derniers réglages avant la reprise du championnat, dimanche, à Mondorf (16h). Un match nul à Reims et une victoire face à la réserve de Genk et voilà le club d’Hesperange avec le mental gonflé à bloc pour le retour de la BGL Ligue. « On a joué le cinquième de Ligue 1 qui, mis à part les quelques internationaux, avaient tous ses titulaires. On a fait tourner contre Genk et ces deux matchs donnent de la confiance pour les prochains matchs. » Invaincu depuis le début du mois de septembre, le champion en titre enchaînera après la coupe avec Differdange, Dudelange et la Jeunesse. Des matchs de haut de tableau pour retrouver les sommets du championnat.

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