Séisme en Turquie et Syrie : pourquoi un bilan si meurtrier ?

Trois jours après le tremblement de terre qui a frappé le sud de la Turquie, le bilan fait état actuellement de 16 000 morts. Plusieurs facteurs contribuent à ce lourd bilan humain.

Avec sa magnitude (7,8), suivi d’une forte réplique (7,5), le séisme du 6 février dont l’épicentre se situe en Turquie, est le plus meurtrier depuis celui de mars 2011 au Japon (9,0) et qui avait entraîné la catastrophe de Fukushima. Plusieurs éléments entrent en ligne de compte afin d’expliquer un bilan humain aussi lourd, estimé autour de 16 000 victimes selon les données disponibles ce jeudi matin.

Le premier c’est bien sur sa magnitude. De 7,8 sur l’échelle de Richter, ce séisme se classe dans la catégorie « destructeur » . Mais si l’échelle de Richter est bien connu du grand public pour être utilisé dans les médias à chaque tremblement de terre, une autre existe également pour définir l’intensité d’un séisme, l’échelle de Mercalli. Elle est mesurée en chiffres romains et va de I à XII. Dans le cas du premier tremblement de terre du lundi 6 février, autour des villes comme Osmaniye, Kahramanmaras, Adiyaman ou Malatya, on a enregistré une intensité de IX. Considérée comme « dévastatrice », avec une étendue de dégâts où « tous les immeubles subissent de gros dommages. Les maisons sans fondations se déplacent. Quelques conduits souterrains se brisent. La terre se fissure ».

A seulement 18 kilomètres de profondeur

Autre facteur ayant aggravé les destructions sur des structures déjà fragilisées par le premier séisme de 7,8, la forte réplique quelques heures plus tard autour des 7,5. C’est un cas de figure qui ne se produit que dans 10% des séismes. Cette réplique était elle située sur une autre branche de la faille anatolienne orientale, qui s’étend sur le côté nord de la Turquie et provoque traditionnellement la majorité des tremblements de terre dans le pays. Elle fait près de 1500 km de long, allant d’une jonction avec la faille de l’Anatolie orientale jusqu’à la mer Égée.

Très peu profond, aux alentours des 18 kilomètres dans la croûte terrestre, le séisme a entraîné « des vibrations qui n’ont pas perdu assez d’énergie avant d’atteindre la surface, ce qui a provoqué des troubles extrêmes dans la région que de nombreux bâtiments, en particulier ceux traditionnels du Moyen-Orient, n’étaient pas prêts à supporter », explique Stephen Hicks, sismologue à l’University College London (UCL).

La longueur et la finesse de la faille, de 150 kilomètres sur 25, explique elle aussi le bilan catastrophique, comme le souligne le géophysicien chilien Cristian Farias : « On a tendance à penser que plus la faille est longue, plus [le rayon affecté] sera large, mais dans ce cas, nous en avions un très, très long et très mince, ce qui signifie que toute l’énergie était concentrée en surface, et c’est toujours très compliqué pour toute construction ».

Enfin dernier facteur, et finalement le seul sur lequel l’être humain peut agir afin de prévenir les tremblements de terre, le type de constructions très loin de respecter les normes anti-sismiques. Contrairement à ce que l’on peut voir dans des pays préparés aux risques sismiques comme le Chili ou le Japon.

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