Paul Philipp : « On a peut-être trop voulu jouer avec le Portugal »

Le président de la FLF, Paul Philipp, présent à Faro, revient sur la lourde défaite face au Portugal (9-0) et se projette sur le prochain rassemblement du Luxembourg.

Comment avez-vous vécu cette lourde défaite face au Portugal ?

C’était un cauchemar. On n’a pas existé, dans les duels, nulle part, contre une très bonne équipe portugaise, mais on le savait avant le match et ils l’avaient déjà prouvé au match aller. On a peut-être voulu trop jouer. On a fait les memes erreurs qu’en mars. Chaque transition adverse amenait un but. Moris, finalement, n’a pas réussi à faire d’arrêts, à part celui à vingt minutes de la fin. Si tu en prends neuf et que le gardien en sort encore une vingtaine, mais là, ce n’était même pas le cas. Ils étaient en pleine réussite. On a été dans le match à aucun moment.

Faut-il jouer plus bas contre des adversaires comme le Portugal ?

Je pense oui, si on veut limiter la casse. Ce sont des points qu’on n’avait pas comptés, il faut être réaliste. Ça aurait été plus opportun de faire un bloc plus bas, jouer beaucoup plus compact. On savait que Leão allait occuper le flanc gauche, peut-être qu’une défense à cinq aurait aidé à couvrir toute la largeur. Quand ils ont des espaces, c’est mortel. C’est une question d’agressivité aussi. Je ne dis pas que c’était volontaire, d’ailleurs, il y a eu très peu de fautes, mais ce sont des réflexions après coup. 

Ce match, ce n’est pas ce que vous allez retenir de ce rassemblement ?

9-0, il faut quand même le digérer. On voit à quelle vitesse ça évolue dans le football. Vendredi, tout était rose, tout était beau. Peut-être trop, après coup. Peut-être qu’on était encore sur un petit nuage. On savait qu’on ne prendrait pas de point ici mais prendre neuf buts, il y a une grosse différence. C’est quand même une sacrée claque. La dernière fois, c’était à Wembley face à l’Angleterre en 1982. J’étais encore joueur, donc ça date. 

Le Luxembourg progresse mais prend cette claque quand toute l’Europe a les yeux braqués sur la sélection. Ça fait tâche pour l’image renvoyée ?

Oui, ça fait tâche, mais il ne faut pas tout remettre en question. On a quand même dix points, on a gagné en Bosnie, on a fait un très bon match contre l’Islande, un match nul en Slovaquie. Il faut tirer les leçons de ça. Peut-être qu’on s’est vu trop beau en voulant jouer avec le Portugal. Chaque joueur qui entrait en jeu joue à Barcelone ou dans un gros club. 9-0, ça fait tâche, certainement, surtout qu’il y avait un grand focus sur ce match, notamment de la presse internationale. Il faut montrer du caractère au prochain rassemblement, ce que l’on n’a pas montré hier. 

Il y avait un écart de niveau, mais on a senti sur certains buts des erreurs d’inattention, un manque d’agressivité. 

Je ne crois pas qu’on n’ait pris un seul deuxième ballon, peut-être parce que les distances étaient trop grandes les uns par rapport aux autres. On en revient au bloc qui n’existait pas, les lignes étaient trop hautes. Quand il y a des joueurs comme Bernardo Silva en face… Ils se sont tous régalés.

« LE plus important est de montrer
que c’était un accident. »

PAUL PHILIPP

On a eu l’impression qu’en Europe, tout le monde respectait un peu plus le Luxembourg que dans le passé. Pensez-vous que cette défaite est pire que celle en Suède (8-0, en octobre 2017) ?

Probablement, puisque c’est plus inattendu qu’à cette époque, où on commençait seulement à s’améliorer. Là, j’entendais mes confrères à l’étranger parler du Luxembourg qui est à égalité avec la Slovaquie, le match était retransmis sur une chaîne allemande. D’un autre côté, si on veut positiver, c’était peut-être une claque au bon moment. Enfin, une claque pareille, il faut s’en remettre et seuls les joueurs et le staff peuvent s’en relever.

Le prochain rassemblement est dans un mois. Pensez-vous que c’est suffisant pour que les joueurs passent à autre chose d’ici là ?

Ce sont des professionnels. Ils ont montré dans un passé récent qu’ils savent très bien jouer au foot, même s’il y a une différence entre très bien jouer et jouer avec le Portugal. Le caractère est là. On a aussi du faire sans Christopher Martins et Mathias Olesen, mais c’est top facile de dire ça, même si, bien sûr, ils sont très importants.

Contre la France en 2017, il manquait huit joueurs de champ…

Mais là, le bloc était très bas à Toulouse ! C’est quand même une claque à un moment où on ne s’y attendait pas forcément, les joueurs non plus. C’est une remise en question.

Sur quoi vont se jouer les deux prochains matchs, face à l’Islande et la Slovaquie ?

Il faut reprendre là où on s’est arrêté vendredi et essayer de mettre ce match entre parenthèses, même si ce n’est pas facile. On a vu face à l’Islande qu’à 1-0, ils étaient tout près du match nul, mais heureusement, on met le deuxième but. Ce match retour sera la dernière chance pour l’Islande de se qualifier. Ce match peut nous donner la chance de jouer un match très important contre la Slovaquie. Si on n’est pas battu en Islande, bien sûr.

Quelles sont les chances du Luxembourg, aujourd’hui, de se qualifier pour l’Euro 2024 ?

Après ce match, j’aurais dit aucune. Sur le papier, concernant les points, on est dans les temps, même si on prend quand même quinze buts en deux matchs contre le Portugal, ce qui est énorme, mais un seul but sur les quatre autres matchs. Pour moi, la Slovaquie est bien partie pour prendre cette deuxième place. Le plus important maintenant est de remontrer en Islande l’équipe qu’on a présentée au public et montrer que cette déroute était un accident. C’est le plus important, peut-être plus que la qualification.

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