F91 – Progrès : un règlement qui fait grincer des dents

Pour la reprise du championnat, le Progrès Niederkorn s’est imposé avec éclat sur la pelouse du F91 sur le score de 4 à 1. Une victoire prestigieuse, qui est néanmoins contesté aujourd’hui par le tenant du titre. La raison : la présence de Jeff Strasser sur le banc, malgré une potentielle suspension. Explication d’une situation qui montre, encore une fois, l’absurdité de certains règlements au Luxembourg.

Un match potentiellement décisif. Pour la reprise de la BGL Ligue, le F91 a sombré sur sa pelouse face à une équipe du Progrès particulièrement piquante. Un succès sans appel pour les joueurs de Jeff Strasser, qui ont par là conforté leur troisième place, mais aussi permis au Swift Hesperange de passer en tête du championnat. Une rencontre lourde de conséquences, et qui, au fil des jours, voit une polémique commencer à naitre.

Le F91 s’estime en effet lésé sur le plan extra sportif. La raison de son courroux ? La présence de Jeff Strasser sur le banc de touche. L’entraîneur de Niederkorn est accusé par le tenant du titre d’avoir tenu sa place alors qu’il était sous le coup d’une suspension après cinq cartons jaunes. Une suspension qui, après nos vérifications, est réelle. Après un cinquième carton jaune récolté le 04/12 dans le derby contre Differdange, l’entraîneur s’est vu confirmer sa peine dans le BIO de la Fédération du 14/12. En conséquence, le technicien se devait donc de passer une rencontre dans les tribunes avant de retrouver le bord des terrains. Et du côté du F91, le match dans laquelle le coach devait être absent était bien celui de la reprise du championnat.

Pourtant, du côté de Niederkorn, la situation est parfaitement claire. Son technicien a purgé son match de suspension le 17 décembre, dans un match de la Coupe des Princes de son club face au… F91 Dudelange, heureux hasard du sort. Une position validée par la Fédération qui, contactée par nos soins, a confirmé que selon elle, la suspension de Strasser avait en effet été purgée en fin d’année, et que par conséquent, sa place sur le banc de touche était tout à fait valable lors de la seizième journée du championnat. « L’entraîneur peut purger sa suspension dans chaque catégorie. Un entraîneur seniors peut par exemple purger dans les championnats des minimes » confirme Gilles Faber, secrétaire du tribunal fédéral au sein de la FLF. « Il y avait des matchs en retard la semaine après la publication BIO des cartons. Niederkorn a affronté le F91 Dudelange en Coupe des Princes. La fédération lui a donc confirmé qu’il avait purgé sa suspension lors de ce match, et qu’il était dans son droit d’être sur le banc pour la reprise du championnat. »

Qu’en disent les règlements ?

En ce sens, et après avoir consulté les règlements, la position peut tout de même sembler assez ambiguë. L’article 63 stipule en effet que « Les peines sportives s’étendent à l’ensemble des matchs officiels (championnat ou coupe) du Club, à l’exception des matchs de Coupe d’Europe. Elles comptent pour le(s) match(s) officiel(s) suivant(s) la date de l’entrée en vigueur des sanctions. Sont pris en compte par le décompte du nombre des matchs pour lesquels le membre licencié est suspendu, les matchs officiels joués par les équipes pour lesquelles le membre licencié est qualifié à jouer ». Un règlement assez flou, qui peine à stipuler si les matchs de l’équipe réserve ou autres équipes juniors sont ainsi inclus dans la possibilité de purger une suspension. Et l’article 97, qui offre une séparation claire entre les sanctions sur le plan des championnats et des coupes, n’aide pas à apporter plus de clarté.

Contacté, Thomas Gilgemann, président du Progrès Niederkorn, nous a confirmé ne pas ressentir la moindre inquiétude sur le sujet. « On a un mail officiel de la Fédération qui nous confirme que nous étions dans notre droit. À partir de là, évidemment, on ne voit pas le problème. Dudelange peut faire ce qu’il veut, mais de notre côté, on est absolument tranquille ».

Une confiance somme toute légitime, alors que le club de Niederkorn a en effet reçu l’aval de la Fédération, figure d’autorité incontestable dans une affaire comme celle-ci. Si du côté de Dudelange, la direction nous a confirmé « réfléchir en interne » à une potentielle suite dans cette affaire, le sujet, au-delà de ce match, rappelle encore une fois l’absurdité grotesque de certains points du règlement au sein du Grand-Duché. Car, alors qu’un entraîneur est sous le coup d’une suspension, la possibilité de pouvoir inscrire son entraîneur sur la fiche d’une équipe junior pour purger sa suspension comme si de rien n’y était est à la limite du grotesque, et la porte ouverte à une réelle impunité. En ce sens, le Progrès n’est coupable de rien. Et Thomas Gilgemann ne se dit pas dupe sur l’incongruité d’une telle règlementation. « Le règlement, il y a beaucoup de choses sur lesquelles on n’est pas d’accord, mais à partir du moment où on le suit, il n’y a rien à redire. On nous interdit plus de deux arrivées au mercato hivernal, ça ne nous plait pas mais on s’y colle. Et c’est la même chose dans ce cas de figure ».

Ainsi, au-delà d’une affaire qui devrait, sauf réelle surprise s’arrêter là, cet imbroglio rappelle encore une fois le besoin évident de moderniser des règlements dans l’ensemble archaïques, et plus du tout adaptés au monde du football d’aujourd’hui. On ne peut qu’espérer qu’au sein de la Fédération, une interrogation est réellement mise en place pour enfin mettre à jour des textes qui ont besoin d’un grand coup de balai.

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