Le Concours complet d’équitation : sensations fortes garanties !

Lorsqu’on aime les sensations fortes, on peut faire du parapente, du saut à l’élastique ou encore de la chute libre. Les cavaliers eux, ont une discipline qui génère autant d’adrénaline qu’un tour (ou plusieurs) de Silver Star ! Découvrons ensemble la discipline olympique qui est certainement la plus impressionnante des trois, le Concours Complet d’Equitation.

Discipline souvent considérée comme la reine des disciplines équestres, cette sorte de triathlon à
cheval est composé de trois épreuves consécutives, à savoir, le dressage, l’obstacle et l’épreuve de terrain. Le cœur d’une compétition de Concours Complet d’Equitation (appelé Eventing en anglais) est le cross, une épreuve de terrain de plusieurs kilomètres de long avec des obstacles fixes exigeant tant du cheval que du cavalier de la polyvalence, une bonne collaboration, de la confiance mutuelle ainsi du courage et de l’endurance.

A l’instar du dressage et du CSO, le concours complet tire ses origines d’épreuves militaires. À
l’époque où le cheval est le moyen de transport principal des armées, l’endurance, la force, le
dressage et la fiabilité des chevaux étaient d’une importance cruciale. Ainsi, pour tester ces qualités, des épreuves d’endurance et de franchissement d’obstacles ont été créés. L’équitation se démocratisant au fur et à mesure, la discipline est introduite aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912.

Des trois épreuves qui composent le concours complet, deux sont des disciplines à part entières : le dressage et le saut d’obstacles que nous avons vu dans les précédents numéros de GALOP !
Bien que les épreuves soient relativement les mêmes, les qualités demandées ainsi que les exigences lors de la notation sont bien différentes. Traditionnellement, les cavaliers entrent en premier lieu sur le carré de dressage avant de s’élancer sur le parcours de cross pour finir par l’épreuve d’obstacle. Cet ordre n’est pas dû au hasard : il est fait pour tester la technique du cavalier et le dressage du cheval avec la première épreuve, sa force et son endurance avec le cross, puis son état de fraîcheur avec le saut d’obstacle, appelé plus couramment « l’hippique » lors des Concours Complets d’Equitation.

Le dressage permet d’évaluer le cheval sur ses allures, son impulsion et sa soumission. Le cavalier
quant à lui est jugé sur la justesse dans l’efficacité de ses aides et l’harmonie du couple position et
assiette. Chaque figure est notée ainsi que l’impression d’ensemble de la prestation du cavalier et du cheval. Un total est calculé pour déterminer le classement dans ce test.
Si l’épreuve de dressage du concours complet reprend la majorité des règles et principes du concours de dressage « classique », il s’en écarte sur quelques points : le couple ne sera jugé que sur une seule reprise, imposée selon le niveau de l’épreuve et le dressage demandé est d’un niveau moindre.

Le cross, également appelé cross-country, consiste à réaliser un parcours incluant dénivelés et
plusieurs obstacles naturels isolés ou combinés, dans un ordre défini et dans un temps donné, sans commettre de faute. Il s’agit d’une discipline qui ne se pratique que dans le cadre du Concours Complet d’Equitation. Il n’existe pas de concours de cross pur, contrairement aux deux autres disciplines olympiques qui existent en tant que telles. L’une de ses particularités est de se dérouler sur de vastes terrains naturels (plaine, bois, gué, buttes, pont, fossés) qui s’étend parfois sur plusieurs kilomètres ! Une autre est de comporter des obstacles fixes, contrairement au saut d’obstacles où les barres sont mobiles. Le train, autrement dit la vitesse moyenne, demandé est plus élevé qu’en saut d’obstacles. Ce dernier varie en fonction du niveau, allant de 500 à 570 m/min (30 à 34 km/h), contre 400 m/min (environ 24 km/h) en moyenne pour le saut d’obstacles. La conjugaison entre la présence d’obstacles fixes et la vitesse élevée garantit une épreuve spectaculaire mais également difficile et qui comporte des risques pour le cavalier comme pour le cheval. Avant de prendre le départ de l’épreuve, les concurrents s’échauffent sur un paddock de détente placé non loin du départ du cross et se présentent à l’appel du chef de paddock à la boîte de départ. Cette zone d’une vingtaine de mètres carrés délimitée par des poteaux est l’endroit d’où les couples prennent le départ. Au signal du starter, le cavalier enclenche son chronomètre et peut partir à son tour. L’objectif pour le cavalier est alors de franchir la totalité des obstacles du tour, dans l’ordre et en approchant le plus possible le temps idéal, sans toutefois le dépasser. Pour l’aider dans la gestion du temps, des panneaux indiquant les minutes sont disposés à distances régulières en fonction de la vitesse demandée. Par exemple, pour un tour devant s’effectuer à 570 m/min, un petit panneau reconnaissable est disposé tous les 570 mètres et indique au cavalier le temps qui aurait dû passer à cet endroit depuis le début de parcours. Le cavalier doit donc gérer l’état de fraîcheur de son cheval, éventuellement faire des choix de trajectoire différents en fonction des différents paramètres et savoir anticiper les difficultés en fonction du comportement du cheval sur les obstacles précédents.

Les règles de l’hippique sont majoritairement les mêmes que celles du saut d’obstacles « pur ».
Les concurrents franchissent une douzaine d’obstacles, combinaisons comprises, dans un ordre
défini, dans un temps imparti et sans commettre de faute. S’il y a faute aux obstacles ou
dépassement du temps accordé, le couple cavalier-cheval reçoit des points de pénalités. L’objectif
initial de cette épreuve est de tester l’état de fraîcheur du cheval après le parcours de cross. Les
parcours de saut d’obstacles d’un concours complet auront quelques différences avec ceux d’un saut d’obstacles classique : le tracé sera moins technique et les distances entre les obstacles rallongées.


En concours complet, le système de point est négatif : c’est le concurrent totalisant le moins de
points à l’issue des trois épreuves qui est déclaré vainqueur.
Le système de pénalité au dressage est assez simple. Le tour de dressage est constitué d’une
vingtaine de figures imposées. Chaque figure est notée de 0 à 10 par le ou les juges. Des notes
d’ensemble sont attribuées, par exemple pour la soumission du cheval, l’impulsion, les allures ou la position du cavalier. Le total est alors soustrait de la note maximum possible (10 à toutes les figures) pour passer en système de points négatifs. Un coefficient est alors appliqué, en fonction de l’épreuve. À l’issue du dressage, les concurrents ont donc des points de pénalité.
Sur le cross, le refus est fortement pénalisé avec 20 points pour le premier refus et 40 pour le
second. Après trois refus sur le même obstacle ou quatre sur l’ensemble du parcours, le couple est éliminé et doit quitter la piste. La chute du cavalier et a fortiori du couple, est éliminatoire. Le
cavalier ne doit pas remonter à cheval et il est prié de quitter le parcours à pied. Selon le niveau de l’épreuve, le « temps de parcours » est déterminé par la vitesse et par la distance du tour. Le but pour le couple est alors de s’approcher de ce temps dit « idéal », sans le dépasser. En effet, chaque seconde en trop donnera des pénalités à raison de 0,4 points par seconde de dépassement. Si le concurrent dépasse le temps limite, c’est-à-dire le double du temps idéal, il est éliminé. Enfin, un temps minimum est également déterminé et si le cavalier va trop vite et fait un temps inférieur au temps minimum, il est éliminé car considéré comme dangereux.
Les parcours de cross étants longs et situés sur de grandes étendues, il est impossible pour le juge de cross d’avoir une vision de tous les obstacles et ce, d’autant plus que plusieurs couples sont lancés en même temps sur un parcours. Des juges aux obstacles sont donc désignés pour chaque obstacle afin de pouvoir s’assurer du bon franchissement de ces derniers. Ils sont équipés de talkie-walkie afin de rendre compte au juge principal du passage de chaque couple et des éventuelles fautes commises. L’hippique du concours complet présente une version simple CSO, dans lequel on peut trouver de nombreux barèmes de temps. Sur l’hippique d’un CCE, il n’y a qu’un seul tour, sans barrage, avec un temps idéal qu’il faut ne pas dépasser, mais aller plus vite que celui-ci ne présente aucun intérêt au niveau des points. Les pénalités retenues sont les suivantes : une barre tombée vaut 4 points, un refus 4 points et la seconde de temps dépassé compte 1 points. Trois désobéissances ou la chute du cavalier et/ou du couple entraine une élimination. En cas d’égalité lors du décompte final, c’est le couple qui a effectué un parcours en étant le plus proche du temps idéal au cross qui sera désigné vainqueur.


Un contrôle vétérinaire a lieu après l’épreuve de cross. Il a pour but de déceler d’éventuelles lésions chez le cheval et sa capacité à prendre part à l’épreuve d’hippique. Il se compose d’une vérification globale de l’état du cheval avec palpation de ses membres, de ses articulations, de sa colonne ainsi que de son rythme cardiaque et respiratoire. Enfin, afin de déceler d’éventuelles boiteries, le cavalier doit faire effectuer un aller-retour au trot. Le vétérinaire se prononce sur l’aptitude du cheval à poursuivre les épreuves. S’il décide l’élimination, sa décision est sans appel.

Une des conditions sine qua non de l’organisation d’un concours complet, quel que soit son niveau, est d’avoir sur le terrain un service médical d’urgence. En effet, au vu des risques que présente cette pratique et de l’étendue du parcours de cross, il est indispensable de pouvoir bénéficier des soins d’urgence le plus vite possible en cas de chute grave. Le départ d’une épreuve de cross ne peut pas être donné en cas d’indisponibilité des services médicaux.

La pratique du concours complet s’adresse aux cavaliers ayant déjà un bon niveau équestre. En
France, les cavaliers doivent être titulaire du Galop 5 avant de s’essayer au cross. C’est une discipline intense qui demande une bonne forme physique de la part du cavalier, ainsi que des connaissances techniques comme la maitrise de son équilibre aux trois allures, notamment en terrain varié, et l’indépendance des aides. Une fois ces critères remplis, le cavalier peut alors prétendre à participer à des petits concours de son niveau.
Dans ces petites épreuves, il arrive souvent, pour des raisons de logistique, que l’épreuve de saut
d’obstacles se situe entre le dressage et le cross. Il est en effet plus rapide pour les participants
d’enchaîner l’hippique juste derrière le dressage. Bien que cet ordre change fortement l’objectif
initial de l’épreuve d’hippique, il permet également de favoriser la sécurité, le tour d’hippique
éliminant ceux qui seraient mal préparés pour affronter le cross.

L’EQUIPEMENT

Quel que soit le niveau de la compétition, le cavalier doit changer plusieurs fois son équipement ainsi que celui de son cheval pour les différentes épreuves. En dressage, la tenue réglementaire est généralement la même que celle du dressage « classique ».
Le cheval lui, est membres nus sur le carré. Pour l’épreuve de cross, outre le casque, le port d’un gilet cross, gilet rigide protégeant la colonne vertébrale ainsi que la cage thoracique est obligatoire. Il est également conseillé au cavalier de se munir d’un chronomètre afin de gérer son temps ainsi que d’un brassard permettant de fixer son numéro de dossard et une carte médicale portant les indications de premier secours, comme le groupe sanguin et les allergies médicamenteuses, en cas de chute grave. Du côté du cheval, des guêtres renforcées sont obligatoires pour les antérieurs et les postérieurs ainsi que des cloches. En fonction de l’état et de la qualité des terrains, des crampons peuvent êtres fixés aux fers dans quel cas, une bavette est obligatoire afin d’empêcher le cheval de se blesser avec les crampons. La queue du cheval peut être nattée et attachée afin que cette dernière ne se coince pas dans les obstacles. De la vaseline est souvent appliquée sur le poitrail du cheval et sur la face avant de ses membres, afin d’amoindrir d’éventuels chocs avec les obstacles.
Pour l’hippique, le cavalier porte la même tenue réglementaire que lors des épreuves de CSO. Il en va de même pour l’équipement du cavalier.

LES DIFFERENTS OBSTACLES DE CROSS

Les obstacles de cross sont construits avec des matériaux naturels, majoritairement en bois, et sont faits pour imiter des obstacles naturels. De la même manière que pour le CSO, les obstacles de cross sont encadrés par deux fanions, un rouge à droite et un blanc à gauche afin d’en définir le sens de franchissement et sont numérotés.
On peut les séparer en deux grandes parties : les obstacles isolés et les combinaisons. Ceux-ci sont composés d’éléments aux profils divers.

Les profils de franchissement présentent une large diversité ; chacun possède des difficultés
différentes et demande des qualités différentes aux concurrents. Voici les plus profils les plus
communs :

– le contre-bas : dénivelé vertical vers le bas
– le contre-haut : dénivelé vertical vers le haut
– le directionnel : obstacle avec très peu de front
– la haie
– le piano
– le trakehnen : composé d’un tronc suspendu au-dessus d’un fossé

Le gué, souvent passage phare du cross, n’est pas un obstacle à proprement parler : c’est l’adjonction d’autres éléments avec lui qui en fait un obstacle. Par exemple, un contre-bas en entrée ou un contre-haut en sortie, ou encore un obstacle au milieu de l’eau, donnera un obstacle dont la difficulté est augmentée par la présence de l’eau.

Depuis quelques années est apparu sur les Complet de haut niveau un système de sécurité sur
certains obstacles de cross, afin de permettre à l’obstacle de tomber en cas de choc important. Cela permet d’éviter les panaches lorsque le cheval heurte l’obstacle au niveau des épaules. Ces systèmes permettent d’éviter les chutes très graves.

Les couleurs Luxembourgeoise sont représentées par Fanny HAMELIN BOYER, Christian CHABOT sans oublier Leonard GOERENS qu’on ne présente plus.

Catherine Wasmer

Dernières nouvelles