Les roues ovales luxembourgeoises tentent l’inclusion par le rugby

La première édition des Roues ovales luxembourgeoises, un tournoi interentreprises de rugby à 7 en fauteuil, s’est tenue fin janvier au Rehazenter de Luxembourg. L’objectif est de promouvoir cette pratique au Grand-Duché et de faire plus largement la promotion de l’inclusion par le sport.

Des cris d’excitation et d’enthousiasme. Des rires. Des participants qui se hèlent et s’encouragent. Ce vendredi 27 janvier au soir, l’ambiance est joyeuse au gymnase du Rehazenter à Luxembourg. Sur le terrain, une scène peu courante : des jeunes, des adultes, des femmes, des hommes, sur des fauteuils, accélérant, se percutant, et se passant de main en main un ballon de rugby. La première édition des Roues ovales luxembourgeoises – tournoi interentreprises de rugby à 7 en fauteuil – est déjà une réussite. « Quatre équipes sont présentes en plus de la Fédération luxembourgeoise de rugby : le cabinet d’avocats DSM, les sociétés Rotomade et Degré 110, ainsi que l’association Back To Sport qui aide les victimes d’accidents à repartir de l’avant grâce au sport », détaille Maxime Cuche, Marketing Officer chez DSM et coorganisateur de l’événement. Sponsorisé par la Chambre de commerce et Sodexo, « le but de ce tournoi est vraiment de promouvoir l’inclusion par le sport ».

Le fauteuil en plastique recyclé fabriqué par une société luxembourgeoise

Mais comment est réellement née cette belle initiative ? Le cabinet DSM et la Fédération luxembourgeoise de rugby se sont retrouvés aux portes ouvertes de l’entreprise Rotomade. Ce jour-là, Wally Salvan, président et fondateur de la Fédération internationale de rugby à 7 en fauteuil (Wheelchair Sevens International Board, ou W7IB) fait une démonstration. Le courant passe entre tout le monde et c’est là que germe l’idée de ce premier tournoi interentreprises. Mais l’histoire va beaucoup plus loin… Wally Salvan, ancien joueur de rugby – qui a dû lui-même arrêter prématurément – est le concepteur du fauteuil qui permet de pratiquer cette discipline : « On a créé un engin spécifique et surtout accessible à tous, parce qu’un fauteuil de sport, à la base, c’est entre 6 000 et 12 000 euros. Celui qu’on a là, il est fait avec du plastique recyclé et recyclable. On a réussi à diviser le coup d’un fauteuil par dix », explique-t-il. Et c’est justement la société Rotomade, basée à Ellange et spécialisée dans le plastique, qui s’occupe de développer et de produire le fauteuil de Wally : « On rotomoule l’assise qui est en polyéthylène haute densité. Un jour, Wally Salvan est venu nous proposer de fabriquer ce fauteuil pour sportif handicapé ou valide, et c’est vraiment ce qui nous a plu dans ce projet, d’être dans un sport inclusif, pour les grands, les petits, les enfants, les femmes, les hommes, les jeunes, les moins jeunes, une discipline qui n’exclut personne. Tout l’universalisme du sport est dans ce fauteuil », partage Arnaud Fournier, directeur général de Rotomade. La production de ce nouveau fauteuil a commencé en mai 2022. Wally Salvan s’occupe de la promotion de la discipline et du fauteuil auprès des structures privées et publiques. Au Luxembourg, il est épaulé dans cette démarche par Arnaud Lepoivre, cofondateur du centre de cryothérapie et distributeur du fauteuil Wallaby au Benelux.

Cette première soirée luxembourgeoise au Rehazenter entre dans le cadre de cette promotion. Au milieu du terrain, Wally Salvan est d’ailleurs présent et donne de la voix pour bien expliquer les règles à tous les participants et motiver les équipes. « C’est du vrai rugby, avec des poteaux, un ballon ovale, des essais, la ligne de hors-jeu, tout. On a créé la pratique en 2011 pour que tout le monde – filles, garçons, tétraplégiques, handis, valides – puisse jouer ensemble, dans la même équipe. Et comme c’est mixte, on n’avait notre place dans aucune fédération existante, donc on l’a créée. On a aujourd’hui 33 pays affiliés chez nous », détaille ce dernier. Après un briefing général, les matchs entre les différentes équipes commencent. Les participants tâtonnent dans un premier temps, cherchent la bonne coordination entre le maniement du fauteuil, le placement sur le terrain, le ballon, le lien avec leurs coéquipiers. L’initiation ne paraît pas immédiatement évidente. Mais plus les minutes passent, plus les joueurs se lâchent, plus les fauteuils accélèrent sur le revêtement du gymnase, se frôlent, se percutent, le ballon virevolte de plus en plus vite de bras en bras. Tout le monde transpire alors, s’emballe, se donne à fond. La recette fonctionne.

La Fédération luxembourgeoise de rugby s’engage avec la W7IB

Le président de la Fédération luxembourgeoise de rugby, Jean-François Boulot, sort d’un match haletant, suant, et un grand sourire aux lèvres : « Si on peut faire participer tout le monde, c’est fantastique. On va se lancer dans cette nouvelle expérience. Quand j’ai été élu président de la fédération, j’ai dit que ce serait pour tout le monde. On va sensibiliser les gens autour de cette discipline. On verra avec les ministères si on peut aller plus loin » lance-t-il, convaincu et ambitieux. Preuve qu’il ne s’agit pas de paroles en l’air, la Fédération de rugby luxembourgeoise a déjà rejoint la Fédération internationale de rugby à 7 en fauteuil de Wally Salvan. « Ils vont d’ores et déjà participer à la Coupe d’Europe des moins de 16 ans avec nous », annonce l’ancien joueur de rugby.

Les acteurs sur le terrain, les familles et les proches sur le côté, tout le monde prend du plaisir et a l’air heureux. Cette première édition des Roues ovales luxembourgeoises est indéniablement un succès. Il ne reste plus qu’à transformer l’essai.

Site de la Wheelchair Sevens International Board : www.w7ib.org

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