Grégoire Munster : « Beaucoup de professionnalisme chez M-Sport »

À l’aube d’une nouvelle aventure avec M-Sport, le pilote de rallye évoque son arrivée dans la structure britannique, ainsi que les défis qui vont s’offrir à lui en 2023. 

Grégoire, l’hiver a été porteur d’excellentes nouvelles pour vous avec cette signature chez M-Sport…

Oui, effectivement, je pense que notre fin d’année était concluante, avec notamment notre épisode au Japon, et cela a fait bouger les choses. On se retrouve chez M-Sport en 2023, avec un beau programme que l’on a hâte de commencer. 

Comment tout cela s’est-il concrétisé ? Concrètement, vous aviez deux offres sur la table ?

Oui, il y avait une offre chez Hyundai également, qui proposait à peu de choses près le même package que l’on a actuellement chez Ford. C’est-à-dire une campagne complète en WRC2, où j’aurais été le coéquipier de Suninen. 

Quel est le rôle joué par Jourdan Serderidis dans ce nouveau chapitre de votre carrière ? 

J’ai un gros sponsor, un mécène, c’est quelque chose qui se fait beaucoup dans le sport automobile. Par exemple, Nasser al-Attiyah avec Neuville, Kalle Rovanperä c’est un Finlandais qui s’appelle Timo Jouhki… Pour passer cet échelon, on a besoin de pas mal de soutien derrière, et cela se fait aussi en Formule 1. Souvent, c’est un genre d’investissement avec un contrat derrière, et l’investisseur peut ou non récupérer ses gains à long terme. Cela a aussi joué dans la discussion, on a analysé les pour et les contre de chaque côté, et finalement on a décidé d’aller chez Ford.

Comment s’est nouée votre relation avec lui ? 

Il a fait pas mal de rallyes en Belgique, donc j’avais eu l’occasion de le croiser plusieurs fois. C’est quelqu’un qui veut vraiment apporter quelque chose au sport automobile. Je ne suis pas le seul pilote qu’il aide en Belgique, il y a aussi Gino Bux ainsi que Sébastien Bedoret. Je pense qu’il a vu un peu de potentiel dans ce que Louis et moi avons fait en Championnat du monde, et il croit qu’il y a moyen de faire quelque chose. Tout cela s’est fait naturellement. 

Cela fait-il un petit pincement au cœur de quitter Hyundai avec qui vous étiez engagé depuis quelques saisons ? 

C’est certain, car quand ils ont lancé leur programme de jeunes pilotes, j’ai été intégré dès le début, je faisais partie de l’histoire de ce programme depuis trois ans et on commençait à être vraiment bien intégrés, on connaît pas mal de monde là-bas.

La structure familiale BMA est toujours engagée avec la marque coréenne, c’est une situation un peu paradoxale ? 

Si tu veux ; chez Hyundai, il y a deux distinctions entre l’équipe WRC2 où il y a deux pilotes, et c’est laissé en sous-traitance à un team, et puis il y a les pilotes du Junior driver program qu’ils aidaient, même s’ils ne faisaient pas directement partie des deux pilotes officiels du WRC2. Ils permettaient à des jeunes de se déplacer sur quelques manches, c’était notre cas, on n’a pas fait une saison complète, mais on avait du support. Et ça se faisait avec BMA l’équipe familiale. À côté, on était intégrés dans pas mal de projets, je faisais tout ce qui était déverminage des voitures qui allaient être vendues, on était allés à Monza aussi, où on était directement dans le team WRC2. On commençait à connaître pas mal d’ingénieurs, de cadres. Mais c’est un au revoir, pas un adieu, on va se retrouver sur les prochaines manches du WRC. Maintenant, on va entamer cet épisode Ford où on va faire du mieux possible, mais on ne sait pas de quoi le futur sera fait. 

Comment avez-vous été accueilli chez M-Sport ? 

Je suis allé visiter les installations à Cockermouth, c’est à deux heures au-dessus de Manchester, ils ont de belles infrastructures. Ils m’ont laissé conduire la voiture que j’aurai au Monte-Carl », et on sent qu’il y a beaucoup de professionnalisme et qu’ils sont dans le sport auto depuis un moment. 

Le plan c’est donc de disputer la saison complète ? 

Le programme WRC2 comporte 7 manches, il y a le rallye de Monte-Carlo, ensuite la Croatie, le Portugal, la Sardaigne, le Kenya, la Finlande et la Grèce. 

Concernant le rallye de Suède, ce sera quelque peu différent ?

Oui, on va le faire en WRC3, parce qu’on n’a jamais roulé sur la neige. C’est l’occasion de faire une découverte, et en plus dans cette catégorie on sera un peu incognito. Ça permet de faire du roulage et c’est toujours ça de pris. 

Vous avez pu disputer un rallye sur une Fiesta Rally2 en Autriche, comment étaient vos premières sensations ? 

Le problème quand on fait des rallyes de préparation c’est que ce n’est pas avec M-Sport, mais avec un préparateur local. Donc la voiture n’était pas du tout à jour en termes d’évolution, et ce n’est pas du tout la même voiture que j’aurai au Monte-Carlo. Ça donne une idée globale du véhicule, mais j’aurai déjà une évolution moteur de plus ou moins 15 ch, alors déjà avec ça on sentira une fameuse différence.

L’objectif cette saison ce sera le podium sur chaque rallye ? 

Je pense qu’on va déjà commencer par viser des Tops 5 afin de découvrir la voiture. Et puis ça risque de se compliquer au cours de la saison, car on va commencer par le Monte-Carlo et la Croatie, deux rallyes qu’on a déjà faits, mais avec une nouvelle voiture. Le temps de se familiariser, on va arriver sur des manches type Portugal et Sardaigne, que l’on n’a jamais faites. 

Vous serez coéquipier avec le Français Adrien Fourmaux, qui redescend du WRC, c’est une belle référence pour apprendre et progresser ?

Oui, je pense qu’Adrien a déjà prouvé qu’il était rapide, que ce soit en Rally2 ou en WRC, donc c’est une bonne référence. Il a été rétrogradé, mais ce n’est pas quelque chose de mauvais. Cela s’est fait aussi avec Ott Tänak chez M-Sport, qui au final est ensuite devenu champion du monde. Je ne pense pas que ce soit une punition, mais plutôt un processus d’apprentissage. Logiquement d’entrée de jeu, il devrait être plus performant que nous qui découvrons la voiture.

Le plateau du WRC2 est très relevé, qui voyez-vous pour la bagarre aux avant-postes ? 

Pour le Monte-Carlo, il y aura déjà les pilotes français, Rossel, Lefevre et Fourmaux, et puis les gros calibres comme Solberg. Je ne sais pas s’il va jouer devant au Monte-Carl », mais pour le reste de la saison, sur des manches type Sardaigne ou Portugal, cela risque d’être très fort. 

Parmi les rallyes que vous allez découvrir, lequel suscite le plus votre curiosité ? 

On va avoir la chance de faire celui du Kenya. Et je pense que cela risque d’être une expérience hors du commun, avec une approche totalement différente du rallye. Parce qu’on ne peut pas être à 120 % comme sur d’autres manches, et ce sera une grande découverte pour nous, avec de grosses températures, de l’humidité, un parcours cassant… 

Est-il prévu de vous voir sur une manche ou l’autre au volant de la Ford Puma WRC ? 

C’est sûr que c’est l’une des raisons aussi pour lesquelles on est chez M-Sport. C’est une entreprise un peu plus familiale et il y a plus de chances qu’un Malcolm Wilson vous laisse rouler avec une voiture de la catégorie WRC, plutôt que par exemple chez Hyundai où il y a énormément de décideurs, et où cela peut prendre plus de temps. Maintenant on en parle, c’est une option, une possibilité, mais si je fais trois tonneaux sur les sept courses, je ne pense pas que ça va le faire. Maintenant, si ça se passe bien, ce sera une option. 

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