Une programmation qui frôle le ridicule

Alors que la 25e journée du championnat de BGL Ligue offre deux affrontements massifs entre pensionnaires du top 4, il sera impossible pour les passionnés de suivre les deux rencontres. Pourquoi ? À cause d’une programmation qui place toutes les affiches à la même heure. Une aberration, encore une.

Ce sont des week-ends rares. Ceux lors desquels un championnat se décide, et qui, par le hasard du calendrier, offrent des affrontements entre candidats au titre – ou à l’Europe – qui se tiennent dans un mouchoir de poche. Ces 15 et 16 avril sont de cette teneur, avec Pétange – Progrès et Hesperange – Dudelange en tête de file.

Déjà cochés depuis plusieurs semaines dans le calendrier de tout observateur de BGL Ligue, ce n’est qu’avec un désenchantement profond que tous ont appris que ces chocs se disputeraient à la même heure. Et, pour couronner le tout, seront accompagnés de six autres affiches de BGL Ligue au même moment. 

S’il est évidemment pénible sur le plan logistique en tant que média sportif de couvrir au mieux des affiches si alléchantes, ce n’est pas cette complication sur laquelle nous allons nous attarder. Car en soi, les challenges d’une rédaction ne sont pas le réel souci. Ce qui l’est bien plus, c’est forcément de voir absolument aucun effort pour valoriser un championnat qui en a pourtant bien besoin. 

On entend souvent certaines personnes rouspéter lorsque deux grandes affiches avec des clubs de même pays en Ligue des Champions se retrouvent à la même heure. Une difficulté souvent insoluble au moment d’éditer le calendrier européen, et qui n’était pas un problème du côté de la BGL Ligue. Si la comparaison entre la plus grande compétition européenne et le championnat luxembourgeois en fera peut-être sourire certain, il n’en reste pas moins que ce n’est qu’en ayant des ambitions similaires aux plus grands que le championnat avancera véritablement. Il est vital d’aspirer à un développement qui se greffe sur les meilleurs modèles ci et là, afin d’assurer la pérennité médiatique du championnat.

Bien que la phrase à venir sonne comme une évidence pour nous, rappelons-le une dernière fois, puisque cela ne semble pas être avoir été compris à tous les niveaux : aujourd’hui, le football n’est plus qu’un spectacle, il est aussi un produit. Et, indépendamment de sa qualité, se doit d’être vendu. On ne retrouve jamais Madrid et Barcelone, Dortmund et le Bayern, ou encore Milan et l’Inter sur le terrain à la même heure. Pourquoi ? Car simplement, et il ne faut pas être un génie pour le comprendre, poser deux affiches à la même heure diminue tant l’affluence dans les tribunes que la présence derrière un écran.

Une occasion complètement manquée

Alors que tous les championnats frontaliers ont adopté des rencontres sur plusieurs journées, certains poussant même du vendredi au lundi, comment est-il possible de continuer à mettre toutes les rencontres d’un pays le même jour voire à la même heure ? Pétange ou Hesperange n’auraient-ils pas pu évoluer à 19h le samedi soir ? Le monde du football sait à quel point les joueurs affectionnent les rencontres le premier jour du week-end, leur offrant par là un dimanche de libre. Et, si réellement, le samedi n’était pas faisable, qu’en était-il de simplement modifier l’horaire du 16/04 pour prendre l’exclusivité d’une grille horaire, offrant par là au match une envergure supplémentaire, mais aussi potentiellement une rentrée d’argent supplémentaire avec une billetterie et buvette mieux alimentées.

Loin de pointer du doigt tels ou tels acteurs entre les clubs ou la fédération, force est de constater que ce qui aurait du être fait ne l’a pas été. Au-delà de faire preuve d’un réel manque de bon sens, les autorités compétentes manquent aussi de respect à toutes ces personnes qui, jour après jour, donnent de leur temps et talent pour leurs clubs. Il est vital de reconnaître la passion et l’engagement des fans, bénévoles et joueurs, et leur accorder l’attention qu’ils méritent. Et, faut-il le rappeler, cette programmation inappropriée dessert totalement la médiatisation du championnat luxembourgeois. Les stades du pays sonnent déjà assez creux pour ne pas saisir une formidable opportunité d’enfin faire revenir les foules dans les enceintes, et les réconcilier avec un championnat de plus en plus délaissé. Au-delà du possible vainqueur du titre ou qualifié européen, l’enjeu réel – et urgent – est de réussir à faire du produit BGL Ligue un objet plus attractif, vu, disséqué, et partagé. Une chose impossible à faire quand deux rencontres phares se disputent au même moment, accompagnées qui plus est de treize autres matchs, si l’on prend en compte la Promotion d’Honneur. Il n’y avait fondamentalement aucun sens à ne pas déplacer ces rencontres. Mais, encore une fois, l’on ne peut constater qu’avec dépit que celui-ci n’a pas répondu présent.

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