Une ivresse à prolonger

Sur les quatre dernières journées, le football luxembourgeois a été en pleine ébullition, entre des barrages passionnants, et une finale de Coupe déjà rentrée dans la postérité. Avec un public présent partout, peut-on espérer une véritable répercussion sur le long terme ?

C’est un grand classique. De l’oeuf ou la poule, qui est arrivé en premier ? Plutôt que de nous mouiller à faire le choix entre deux options parfaitement acceptables, transposons plutôt cette question sous un autre contexte, tout aussi indécis. Les ambiances fabuleuses vécues ces trois derniers jours ont-elles amenés ces rencontres folles, ou les scénario dingues ont-ils crée des tribunes en folie ?

Dur de répondre, tant, que cela soit sur la pelouse ou dans les gradins, le football luxembourgeois a vécu des moments d’euphorie rare. Une osmose fabuleuse, partagée sur seulement quatre matchs par près de 13 000 spectateurs (8385 en finale de coupe, 1600 entre Canach et le Fola, 1700 pour le choc opposant Kaerjeng à Bettembourg, et 1100 entre Beggen et Junglinster). Une frénésie proche d’être inoubliable, tant le monde du football luxembourgeois a vibré comme rarement sur ces soixante-douze heures qui resteront dans l’imaginaire collectif. 

Il fallait être présent, à 3-2 en faveur de Differdange, et voir plus d’une tribune se soulever, sauter, chanter à l’unisson, et créer un tel brouhaha qu’on se posait légitimement la question : tout ceci est-il réel ? On pouvait se pincer les joues, se mettre des claques, la vérité, fantastique, était bien là : oui, le Luxembourg peut être un formidable pays de football.

Loin de nous l’idée de faire notre propre publicité, mais rappelons qu’à ces matchs se rajoute un Dribble d’Or incandescent, lors duquel près de 1 000 personnes, en présence du ministre du Sport, ont là aussi mis une sacrée ambiance. Entre cérémonies, finale de coupe et barrages couperet, tant de contextes différents, le constat demeure cependant : il est possible de vibrer et de s’enflammer pour tous ces athlètes, qui donnent tant, jour après jour, au sein d’un championnat trop souvent moqué, dans un pays qui doit apprendre à se valoriser.

Voir des joueurs haranguer leurs supporters, chambrer ceux venus soutenir l’adversaire, et assister à des tribunes criant à tue-tête est un phénomène rare au Luxembourg. Et, quand bien même les barrages ont toujours fait guichets fermés, on ne peut qu’espérer que les supporters d’un soir auront été conquis par cette ambiance inouïe. Et, surtout, prier que plutôt que de se contenter d’une soirée plaisante, ils reviendront, encore et encore, ramener de l’ambiance, de la vie, mais aussi – ne soyons pas dupes – de l’argent aux clubs de l’élite mais aussi de l’antichambre. Un soutien financier, moral, et absolument vital pour tous les acteurs du ballon rond au Grand-Duché.

Nous ne pouvons pas, que cela soit représentants des médias, institutions footballistiques au Luxembourg, ou simplement supporters, simplement nous extasier devant une telle réussite sans réfléchir à comment perdurer un tel extase. Il va de soi qu’une finale de coupe, ou des rencontres sous une tension rare de barrages demeurent une exception. Néanmoins, en voyant cette folie, cette ivresse, il incombe à chacun d’essayer de prolonger ce bonheur, et offrir, chaque weekend de BGL Ligue ou Promotion d’Honneur, un tel apport. Il est temps, enfin, d’arrêter de s’estimer comme inférieur, ou indigne d’ambiance formidable, et de nourrir un complexe d’infériorité sur les pays frontaliers. Tout comme il est temps de réellement se pencher sur l’horaire des rencontres, qui, depuis des années, n’aide pas à offrir des meilleures affluences et ambiances. En trois jours, le Luxembourg a prouvé qu’il pouvait être un réel, beau, et grand pays de football. À tous maintenant de prolonger ce sentiment pour le transformer en vérité.

Car c’est réellement une ivresse qui a été vécue. Et, contrairement aux soirées alcoolisées qui apportent un plaisir d’une nuit, avant de déchanter le lendemain, les instants mémorables de ces derniers jours ne ramènent pas de conséquences déplaisantes. Ici, tout n’est que positif, sans gueule de bois. Il est alors nécessaire que chacun, présent durant ces moments de folie, n’oublie pas à quel point il est indispensable à la survie du football luxembourgeois. Médias, supporters, ou acteurs sont, depuis toujours, dans le même bateau. Reste à tous de l’amener en bon port et de continuer, sans se comparer, sans se vanter, à soutenir, encourager, et célébrer ces joueurs, membres du staff, pour continuer de vivre des moments d’extases rares et inoubliables. C’est bien là que se trouve la beauté du football, et on ne peut qu’espérer que, dès les rencontres européennes, cette ivresse se prolonge et porte nos clubs qui en ont tellement besoin. Les clés sont entre vos mains.

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