Samy Smaili : « Rester humbles »

Avec trois victoires en quatre rencontres, Mondercange a parfaitement réussi son début de saison. Une entame de championnat qui satisfait pleinement son nouvel entraîneur, Samy Smaili, néanmoins conscient que la route est encore longue.

Quelle note sur 20 donnez-vous au début de saison de votre club ?

Je dirais 12. 

Cela parait peu, non, au vu des résultats ?

Oui, mais je sais ce que mes joueurs sont capables de faire. Il y a encore beaucoup de travail, et nous avons encore une grande marge de progression.

Pensez-vous que vos principes de jeu ont été assimilées par le groupe ?

Il y a encore du travail. Mais ils ont compris le projet de jeu que j’essaie de mettre en place, qui est assez particulier. On peut changer de système près de trois fois par match, ce qu’on ne voit pas tous les jours et cela peut être complexe à assimiler. Mais l’intensité et le désir de travailler ensemble sont là. Si je devais d’ailleurs donner une note sur l’état d’esprit, là, ce serait 18.

Le départ d’Hassan M’Barki inquiétait beaucoup d’observateurs. Pensez-vous avoir réussi à résoudre l’équation lié à son transfert vers Hostert ?

Le problème pour moi, c’est qu’on en parlait beaucoup trop. Je respecte énormément Hassan M’Barki, que je ne connais pas mais qui était en effet très décisif. Mais je n’ai jamais dépendu d’un joueur. Ce sur quoi j’ai misé, comme toujours, c’est sur l’équipe. Un joueur ne fait pas gagner une équipe. Et j’ai senti une telle fixation sur lui que j’avais le sentiment qu’on parlait de Leo Messi. Je sais que c’est un bon mec et un excellent footballeur. Maintenant, il est parti. Mon travail n’est pas de parler de ceux qui ne sont plus là. Et il faut aussi faire preuve de respect à ceux qui ont rejoint le club. Ce que je peux vous dire, c’est que je préfère avoir plusieurs joueurs devant capables de marquer plutôt qu’être dépendant d’une seule personne. Le football, c’est un collectif, et pas seulement les onze sur le terrain mais bien tout le groupe. Je suis focalisé sur les forces en présence, qui ont eu une préparation très relevée pour élever le niveau global, et on voit que jusqu’à présent, cela paie. Je vois des mecs qui s’investissent énormément, qui sont jeunes, à l’écoute, et qui veulent progresser. Tout le mérite de ces résultats en revient aux joueurs. Et la dynamique actuelle me permet de réussir à transmettre ma philosophie plus facilement.

L’an passé, Mondercange avait fait un excellent début de saison, avant de connaître une très longue période compliquée… Comment éviter qu’un tel scénario ne se reproduise ?

Il faut avant tout rester humbles. Ne pas s’enflammer. Je ne vois pas de danger dans ce domaine pour le moment, car mon groupe semble solide. J’ai vu que sur certains choix que j’ai pu faire, qui ont pu surprendre, la réaction était travailleuse et positive. J’ai écarté parfois certains joueurs qui paraissaient indispensables. Mais je reste persuadé que dans une équipe de foot, personne n’est indispensable. Faire jouer quelqu’un basé sur son pedigree, cela ne m’intéresse pas. Ce qui compte, c’est l’instant T. Et après vingt-cinq ans à entraîner, je sais pertinemment que le plus fondamental, c’est d’avoir un groupe qui vit bien ensemble, avec une réelle cohésion. Ensuite, il va falloir continuer de suivre la philosophe de jeu. Je ne demande rien d’exceptionnel : contrôle, passe, grosse récupération, et jouer ensemble. Avec tous ces ingrédients, on pourra réussir une belle saison.

On sent dans ce discours une ambition assez élevée…

Je n’ai jamais parlé de maintien, à titre d’exemple. Dès le départ, j’ai été clair là-dessus. On joue les matchs pour les gagner. Même le club le moins huppé au monde, quand il affronte une grande écurie, il ne rentre pas sur le terrain pour en prendre moins de six. Il rêve de l’emporter. Il faut alors y croire, mettre les éléments et la discipline nécessaire pour y arriver. C’est ma manière de voir les choses, et je sens que pour le moment le groupe est derrière cette philosophie. Après, peut-être qu’on va exploser en plein vol à un moment. Mais sur la durée, je suis persuadé qu’en continuant d’avancer avec cette attitude, on met les outils nécessaires pour faire une bonne saison. Si on arrive à tenir ce cap et arriver à la période hivernale avec une dynamique similaire, on sera sur le bon chemin. Il faut être ambitieux dans la vie, sinon, c’est un peu fade. 

Ce week-end, vous affrontez la Jeunesse Esch qui, elle aussi, réussit son début de saison. Avez-vous pu analyser votre adversaire ?

Déjà, la Jeunesse jouera à domicile, ce qui est un vrai avantage pour eux. C’est un des clubs au pays que j’apprécie le plus, car il y a un beau stade, un vrai public, une histoire. Je vois quelques similitudes entre leur équipe et la nôtre dans l’envie et la philosophie de jeu. Il y a, selon moi, une ressemblance dans la manière d’aborder les matchs.

Après quatre journées dans un championnat que vous aviez quitté il y a quelques années, comment évaluez-vous l’évolution du championnat ?

Je vois déjà beaucoup plus d’intérêt de personnes vis-à-vis du football luxembourgeois comparé à quand je suis arrivé au pays.

Et en termes de niveau de jeu ?

La qualité est là. Il y a de très bons joueurs. C’est un championnat dans lequel on voit très peu d’équipes qui posent le bus, il y a bien moins de calculs, on joue pour gagner, et cela offre un football plaisant. Mais c’est plus ce qui est autour du match qui m’inquiète…

C’est-à-dire ?

Quand je vois la qualité de la diffusion des matchs… Cela n’est pas une bonne pub pour le football luxembourgeois. Les retours des spectateurs neutres vont généralement être négatifs, et cela va les éloigner de ce championnat. Par contre, quand ils viennent en tribunes, là, ils vont se rendre compte qu’il y a une vraie intensité et une réelle qualité technique. Mais ce qui est certain, c’est que si c’était filmé de manière plus optimale, tout le monde y serait gagnant… Il y a des moyens au pays. Je reviens de Djibouti, je peux vous assurer que c’est un autre monde… Mais là-bas, ils arrivent à vraiment mettre en valeur la discipline…

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