Jonathan Joubert, le départ d’un géant

Il n’était plus qu’une question de mois, voire de semaines, avant que la nouvelle ne tombe. Jonathan Joubert a quitté le F91 Dudelange à l’issue de la saison 2022/2023 et se dirige lentement mais sûrement vers une retraite bien méritée. Après un tout dernier challenge dans une division inférieure ?

C’est une page qui se tourne. Le 12 avril dernier, Jonathan Joubert, invité du Club House, confiait dans nos colonnes que les derniers instants de sa carrière de joueur approchaient. « En fin de saison, dans la logique des choses, je devrais arrêter de jouer. Mais maintenant que je rejoue un peu, ça joue un peu dans la tête. Je suis ouvert à un bon projet, en tant que directeur sportif ou entraîneur des gardiens, peut-être à la fédération aussi. » Un son de cloche qui résonnait comme une retraite anticipée par le joueur le plus capé du championnat luxembourgeois (451 matchs).

De l’échec à Metz au Luxembourg

Formé au FC Metz, le gardien de but passé par toutes les équipes de France de jeunes n’a pas réussi à passer le cap avec l’équipe A des Grenats.  « J’avais commencé la saison avec les pros et j’y suis resté jusqu’en décembre. À partir du moment où je ne jouais plus en réserve, l’autre gardien avec qui j’étais en concurrence a pris ma place dans le groupe pro. À la fin, c’est lui qui a été conservé et pas moi. » Une douleur pour celui qui espérait jouer avec le club de sa ville. « Ça a été une cassure, surtout que j’étais sûr de pouvoir retrouver un club professionnel. J’ai failli signer à Caen avant qu’ils ratent la montée en Ligue 1, j’ai refusé Tours et j’ai fait un essai très mauvais à Rennes. Ensuite, faute de proposition, je suis allé à Grevenmacher. » Une découverte pour celui qui ne connaissait alors rien du Luxembourg. « C’était peut-être un mal pour un bien. J’ai décidé de venir y vivre tout de suite et j’ai eu les cinq ans de résidence requis pour demander la nationalité. Ensuite, j’ai pu jouer pour l’équipe nationale. » Au Grand-Duché, Jonathan Joubert fait son bonhomme de chemin et devient rapidement une référence à son poste, au point de recevoir de nouvelles propositions de clubs pros. « J’ai eu des offres d’Allemagne, de France et des Pays-Bas, dont une que j’avais accepté mais pour laquelle Dudelange ne m’a pas libéré. Ça restera toujours un petit regret de ne pas avoir atteint le monde pro. »

Une légende du F91 Dudelange

Dudelange, justement, celui qui peut se targuer d’avoir le meilleur palmarès du championnat luxembourgeois y gardera certainement un très bon souvenir, lui qui a remporté pas moins de 13 titres de champion avec le club de la Forge du Sud et participé activement à la qualification des siens pour les phases de poules de l’UEFA Europa League en 2018 puis 2019. Joubert reste seize ans à Dudelange et rafle tout sur son passage, pas rassasié par la facilité du F91 à enchaîner les titres. « À la base, je suis quelqu’un qui n’aime pas trop changer de club. À partir du moment où je me sens bien quelque part, j’aime bien y rester. C’était le cas à Grevenmacher, où je suis resté cinq ans, puis à Dudelange, où j’ai pu aller chercher beaucoup de titres. Je n’avais aucune raison de partir. » Malgré une pige d’une saison au Swift Hesperange au moment où Flavio Becca reprenait le club, Jonathan Joubert retrouvait Dudelange un an plus tard. Une longévité que le principal intéressé justifie assez facilement. « Je suis quelqu’un qui a une hygiène de vie assez correcte. Le fait de jouer, aussi, ça y contribue beaucoup. À partir du moment où tu ne joues plus, tu lâches plus facilement. Moi, j’ai toujours joué jusqu’à 2022. En plus de ça, je suis toujours resté compétiteur. »

Un dernier tango à l’improviste

Une motivation qui a pourtant baissé lors de son retour au F91, à l’été 2021. Un retour marqué par des blessures qui l’ont éloigné des terrains, mais aussi une étiquette de numéro 2. « Le fait de passer de titulaire à remplaçant, ça n’a pas été facile. Parfois, j’ai voulu arrêté, mais ma femme m’a poussé à continuer jusqu’au moment où je dirais stop. » Jonathan Joubert continue et finit par prendre son rôle de numéro 2 à cœur en accompagnant Lucas Fox et en récupérant des miettes : cinq matchs toutes compétitions confondues en 2021/2022. Pas de quoi le faire rempiler, puisqu’il reste une saison de plus, avec le même statut, et se contente de jouer seulement un troisième tour de coupe de Luxembourg face à Bettembourg, en octobre 2022, jusqu’à un dimanche après-midi de mars 2023, quand Carlos Fangueiro, pas convaincu par les récentes prestations de son portier de 22 ans, décide d’offrir à Joubert une dernière danse et de le titulariser jusqu’à la fin de la saison. À 43 ans, le Dudelangeois disputait alors les huit derniers matchs de BGL Ligue de sa carrière.

Un taulier en sélection

Inoubliable, le natif de Metz l’est aussi en sélection. Appelé pour la première fois par Guy Hellers en juin 2006 pour disputer des matchs amicaux, Jonathan Joubert trouve rapidement sa place au sein d’une équipe nationale qu’il ne quittera plus jusqu’en septembre 2016, avant de revenir pour une pige en octobre 2017 et un dernier match face à la Bulgarie, au stade Josy-Barthel, un petit mois après sa prestation exceptionnelle face à son pays natal, la France, lors d’un match qui restera dans toutes les mémoires des Luxembourgeois. Ce jour-là, à Toulouse, Joubert réalise une « partie héroïque », pour reprendre les mots de Didier Deschamps, le sélectionneur des Bleus. Un ballon détourné sur sa transversale, un arrêt à bout portant face à Djibril Sidibé, entre autres, ont permis à son équipe de préserver un score nul et vierge inespéré avant le coup d’envoi. Mais l’heure était belle et bien à la relève. « J’ai été régulier pendant de nombreuses années, mais à un moment il faut savoir passer la main et le sélectionneur a titularisé Anthony Moris, qui est un super gardien. »

Laurent Jans, lui, se souvient. « Avec Jon, j’ai fait beaucoup de matchs. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Quand je suis venu, c’est quelqu’un qui avait une certaine aura, j’avais un peu peur de lui (rires) !, confie le capitaine des Roud Léiwen. Mais c’est un super mec, très calme. En plus de ça, c’est un très bon gardien et il nous a bien aidé en équipe nationale. Il a beaucoup fait pour le football luxembourgeois. Je lui souhaite le meilleur pour la suite, qu’il continue ou qu’il arrête. Bon, à 42 ans, il peut réfléchir à arrêter (rires), mais le plus important c’est qu’il prenne du plaisir. » Un plaisir qu’il pourrait bien prolonger d’une saison, alors qu’il est annoncé du côté de l’Atert Bissen, au troisième échelon national, en compagnie d’un certain… Dan Da Mota, autre légende du championnat luxembourgeois et deuxième joueur le plus capé de l’histoire de la sélection luxembourgeoise.

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