Blessures et sanctions : un flou sur les règlements ?

La blessure spectaculaire d’Hearvin Djetou, tamponné au visage lors du match entre Schifflange et Mondercange et qui a fait perdre au joueur plusieurs dents a relancé les débats sur l’arbitrage au Luxembourg devant l’absence de carton jaune pour l’adversaire ayant commis la faute.  Et, à la lecture du règlement, un constat s’impose : tout ceci est tristement flou.

Au coup de sifflet final, la colère ne diminuait pas. Il faut dire que l’image avait été particulièrement marquante. La sortie d’Hearvin Djetou de la pelouse, en larmes et le visage rempli de sang à la suite d’un coup de coude en plein visage avait sonné son monde. Tout comme son départ en brancard, sous les applaudissements et les regards inquiets des supporters présents ce jour-là à Schifflange.

La blessure, ne nous en cachons pas, fait partie intégrante du monde du football. Et, toujours malheureuse, celle-ci ne prête que rarement à polémique tant, dans un sport de contact, il est toujours possible d’en sortir esquinté. Mais, ce qui a réellement crée une vague d’indignation trouve sa source dans l’absence totale de sanction, si ce n’est un coup franc sifflé. Avertissement ? Expulsion ? Aucune de ces deux options n’a été choisie par le corps arbitral composé de messieurs Angelo, Hansen et Mentz. Une clémence qui a fait bondir l’intégralité des joueurs et du staff technique du promu, et largement contribué à rendre l’atmosphère autour de la rencontre bien plus tendue que lors des trente premières minutes.

Un règlement qui prête à confusion

Sur place, la rédaction était, sans surprise, aussi choquée par la tournure des évènements. Et a voulu creuser pour en savoir plus sur la décision de l’arbitre : étions-nous sur un simple désaccord dû à une interprétation différente, ou y a-t-il eu un véritable non respect de la législation entourant le ballon rond au Grand-Duché ?

À la suite de la lecture des règlements, la réponse, malheureusement, est peut-être la pire de toutes celles qu’on aurait pu trouver : nous n’en avons pas la moindre idée. La faute à un règlement particulièrement flou, et libre à une interprétation aux antipodes d’un côté comme de l’autre, tant les textes ne peuvent donner une réelle réponse. 

Deux points, particulièrement, ont retenu notre attention – et inquiétude – devant le flou en termes d’incompréhension qui en découle. Ces deux passages, qui expliquent la différence entre une infraction méritant un carton jaune et rouge sont les suivants et prêtent légitimement à confusion :

« On parle d’attitude « inconsidérée » lorsqu’un joueur agit sans tenir compte du caractère dangereux ou des conséquences de son acte pour son adversaire. Il doit être averti ».

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« On parle d’attitude «violente» lorsqu’un joueur fait un usage excessif de la force au risque de mettre en danger l’intégrité physique de son adversaire. Il doit être exclu ».

Comment expliquer quelle est la différence alors ? Un coup de coude dans le visage de son adversaire est-il une attitude inconsidérée, ou est-ce là une attitude violente mettant en danger l’intégrité physique de l’adversaire ? 

L’interrogation est d’ailleurs exactement la même lorsqu’on en vient au match de la semaine passée entre Wiltz et Pétange, qui s’est conclu par une blessure et indisponibilité conséquente pour Artur Abreu dû à un violent tacle sur la cheville. Sur ce geste défensif, N’Guessan avait reçu un simple carton jaune en tant que sanction. Et, là encore, la confusion autour des lois sur les fautes au Luxembourg peut apporter plusieurs conclusions. Parle-t-on d’usage excessif de la force, synonyme de rouge, ou d’action sans tenir compte du caractère dangereux et des conséquences de l’acte, alors sanctionné par un jaune ? Sans réelle distinction claire entre les deux situations, les sanctions pourraient donc invariablement changer d’un match à l’autre, dans des faits de jeu qui, de par leur gravité, ne devraient souffrir d’aucun débat.

Si l’incertitude est évidente, on peut néanmoins faire fi de cette confusion dans la règlementation pour rappeler que l’une des priorités du corps arbitral doit impérativement être la protection des joueurs. On a tendance à toujours mettre en valeur « les artistes » avant tout, mais c’est bien l’intégralité des profils de footballeurs qui doivent se sentir en sécurité sur une pelouse. Offrir une tolérance sur ce genre d’évènements revient à autoriser alors les gestes dangereux. Il serait de bon gré d’agir au plus vite, afin d’éviter que la prochaine fois, les choses ne soient encore plus grave que quatre dents cassés, une cheville massacré, ou un nez de nouveau brisé.

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