10 de cœur 

Pour la première fois de son histoire, le Luxembourg a réussi à prendre 10 points lors d’une phase de qualification d’une grande compétition. Assez ou pas pour parvenir à se qualifier – aussi – pour la première fois à l’Euro ? Trop tôt pour le savoir, mais la performance est déjà grandiose. 

Nous sommes le 12 octobre 2005, aux alentours de 22 h. Le Luxembourg clôt ses éliminatoires pour la Coupe du monde 2006 par une défaite face à l’Estonie (0-2), la douzième en… 12 matchs, et termine logiquement à la dernière place du groupe 3, derrière le Portugal, la Slovaquie, la Russie, l’Estonie, la Lettonie et le Liechtenstein. Alors dirigés par Guy Hellers, les Luxembourgeois accusent même une différence de -43, résultat d’une soustraction de 48 buts encaissés pour… 3 buts inscrits, tous marqués lors de la défaite 4-3 face aux Lettons.  

C’est la dernière fois que le Luxembourg n’a marqué aucun point lors d’une phase d’éliminatoires. Depuis, les Roud Léiwen ont enclenché la première, dans un premier temps avec Hellers, en prenant trois points lors des éliminatoires de l’Euro 2008 avec une victoire en terres biélorusses (0-1). Malgré une dernière place dans ce groupe G, le Luxembourg entamait une nouvelle étape de son histoire, qui se poursuivait en 2008 avec un succès 1-2 en Suisse, en vue des éliminatoires de la Coupe du monde 2010. Les Luxembourgeois, avec un total de cinq points également obtenus grâce à deux nuls face à la Moldavie, terminaient non pas derniers, mais avant-derniers du groupe 2. Historique pour certains, anecdotique pour d’autres. Car les éliminatoires qui suivront renverront le Luxembourg à la dernière place. 

D’abord pour les éliminatoires de l’Euro 2012. Dans un groupe avec – à l’exception de la France – une majorité de nations de l’Europe de l’Est (Bosnie-Herzégovine, Roumanie, Biélorussie, Albanie), le Luxembourg parvient à gagner seulement face à la forteresse des Balkans (2-1) et décroche un nul face à la Biélorussie.  

Pour la Coupe du monde 2014, c’est plus ou moins similaire, et le Luxembourg termine sixième et bon dernier du groupe F, derrière une Irlande du Nord qu’il a néanmoins réussi à surclasser à domicile (3-2) et à tenir en échec à l’extérieur, et un Azerbaïdjan a qui il a également pu prendre deux points. Mais le chemin est encore long, car l’Euro 2 016 ne montre pas d’évolution dans les résultats : bien qu’officiellement cinquième sur six nations, le Luxembourg termine ex æquo avec la Macédoine du Nord, avec quatre points, pour un bilan famélique d’une victoire et un nul.  

2018, le début du renouveau 

Il faut attendre 2018 pour revoir le Luxembourg performer un peu plus. Car les hommes de Luc Holtz, bien qu’à des années-lumière d’une éventuelle qualification, termineront cette fois-ci devant la Biélorussie, qu’ils auront battue (1-0) et tenue en échec (1-1), en plus d’un nul retentissant face à l’équipe de France (0-0).  

Les éliminatoires de l’Euro 2 020 ne feront aucun cadeau aux Roud Léiwen, engagés dans un groupe B aux côtés de l’Ukraine – qui terminera premier du groupe –, du Portugal, de la Serbie et de la Lituanie. Le Luxembourg est invaincu contre le pays balte (2-1, 1-1) et malgré six défaites contre les trois autres nations, seule une est véritablement lourde (3-0 au Portugal) et les prestations sont de plus en plus convaincantes. Le Luxembourg devient alors définitivement un pays à ne plus prendre à la légère, comme en témoignent les dires des sélectionneurs adverses, qui louent le travail de Luc Holtz et de son staff depuis leur arrivée à la tête de la sélection en 2010. 
 

Depuis, l’embellie ne fait que se confirmer, et c’est véritablement à partir des qualifications pour la Coupe du monde 2022 que les Roud Léiwen commencent à monter en puissance en remportant pour la première fois trois matchs : la double confrontation face à l’Azerbaïdjan (2-1 à domicile, 1-3 à l’extérieur) et le match en Irlande (0-1). 9 points, c’est historique, et certains se mettent désormais à rêver plus grand. 

En 2024, l’hypothèse d’une qualification 

Car malgré neuf points qui faisaient figure d’exceptions jusqu’alors, on pouvait légitimement se demander ce que la suite allait donner. Et force est de constater qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, à quatre journées de la fin des qualifications, le Luxembourg garde toutes ses chances. Si les deux prestations face au Portugal (0-6 et 9-0) font tache et rappellent une des périodes les plus sombres de l’histoire de la sélection, elles restent des « bonus » pour le sélectionneur. D’autant plus que grâce à la règle du goal-average particulier, la différence se fera dans les confrontations directes. Autrement dit, mieux vaut perdre une fois 9-0 que neuf fois 1-0. La qualification, si elle se joue à la différence de but, se fera uniquement face à la Slovaquie, ce lundi 16 octobre. À 23 h ce soir-là, le Luxembourg saura très certainement s’il peut vraiment croire en un exploit encore jamais vu dans son histoire. Quoi qu’il en soit, la sélection luxembourgeoise a définitivement franchi un cap, celui de croire qu’un jour, elle participera à la phase finale d’une compétition internationale. 

France-Luxembourg, toujours la référence 

C’est une statistique qui apparaît comme une anomalie étant donné les progrès flagrants de la sélection ces dernières années, mais le Luxembourg a subi sa plus lourde défaite face au Portugal le mois dernier (9-0). Une performance à des années-lumière de celle effectuée à Toulouse le 3 septembre 2017, face à l’équipe de France de Didier Deschamps, qui demeure encore aujourd’hui comme étant l’un des plus grands – si ce n’est le plus grand — exploits des Roud Léiwen. Ce jour-là, à l’occasion de la huitième journée des éliminatoires pour la Coupe du monde 2018, Jonathan Joubert et ses coéquipiers avaient obtenu le point du nul au terme d’un match héroïque qui avait même failli se conclure sur une victoire des Luxembourgeois. 

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