Nico Langehegermann : quand l’art et le cyclisme fusionnent 

Artiste et amoureux de cyclisme, Nico Langehegermann a su conjuguer ses deux passions pour en produire de saisissantes oeuvres d’art. Il nous a ouvert les portes de son atelier, qui regorge de projets haut en couleurs. 

Ses lunettes vertes fluo sur le nez, Nico Langehegermann nous reçoit par une matinée ensoleillée du début du mois de septembre, au sein de son atelier où les oeuvres d’art pullulent dans chaque coin. La lumière pénétrant dans les lieux nous permet alors de pouvoir admirer les nombreux tableaux de cet artiste pas comme les autres. Ici une oeuvre représentant les cyclistes luxembourgeois marquants du XXIe siècle, là-bas un portrait de Andy Schleck maillot jaune sur les épaules et grimaçant d’effort… 

Il faut dire que pour ce qui est de souffrir sur un vélo, le maître des lieux sait de quoi il parle. Né le 21 mai 1946, Nico Langehegermann a en effet pratiqué le cyclisme durant une longue période dans les années 60. Et sa carrière chez les amateurs est assez éloquente jugez plutôt : un titre de champion du Luxembourg en 1967 devant son frère Sylvère, victoire d’étape sur la Flèche du sud, participation au Tour de l’Avenir… 

Mais comme d’autres avant et après lui, il doit renoncer à une carrière pour des raisons professionnelles. Amateur d’art depuis l’enfance, inspiré par une grand-mère possédant une mémoire photographique exceptionnelle et capable de dessiner des portraits de mémoire, il étudie de 1960 à 1962 à l’Ecole des Arts et Métiers et en ressort avec un diplôme en peinture décorative. Ses compétences vont en tout cas au-delà de ce domaine, puisque Nico Langehegermann poursuit son apprentissage dans la dorure, les patines… « Dans la famille, l’art c’est véritablement dans le sang » explique-t-il.

Du Luxembourg à New-York

En 1971, Nico Langehegermann fonde son entreprise spécialisée dans le design et le lettrage publicitaire de véhicules. Vous ne le savez sans doute pas, mais chaque jour sur les routes du Luxembourg vous croisez forcément un véhicule passé entre les mains expertes de sa société, reprise désormais par son fils Tom. Dédié à son travail, Nico Langehegermann met entre parenthèse le cyclisme en attendant d’avoir plus de temps à consacrer à ses passions. 

C’est chose faite au moment d’arriver à la retraite. Et c’est alors que les oeuvres mettant à l’honneur les cyclistes du pays vont s’enchaîner : «  Ma première passion fut l’art et ensuite le vélo. Il n’y a plus beaucoup d’artistes au Luxembourg qui réalisent des portraits. Je m’inspire de photographies, et j’essaie de restituer du mieux possible les traits du visage, ainsi que le mouvement » explique l’artiste de 77 ans. 

Le succès va rapidement arriver, pour le peintre qui réalise également de l’art abstrait, où les couleurs et l’ambiance font dégager de ses oeuvres une véritable énergie. On ne compte plus les expositions du peintre luxembourgeois, qui va voir du pays : en France à Paris, au Pays-Bas, en Autriche, mais également dans des destinations plus lointaines comme la Corée du Sud, la Chine, ou encore les Etats-Unis ! 

Une passion avant tout

Les oeuvres de Nico Langehegermann sont de véritables hommages aux cyclistes luxembourgeois les plus illustres. Il a récemment d’ailleurs achevé une série de quatre portraits individuels, représentant Francois Faber, Nicolas Frantz, Charly Gaul et Andy Schleck, soit les quatre vainqueurs du Tour de France originaires du Grand-Duché : « Je veux les offrir en cadeau à la FSCL (Fédération du sport cycliste luxembourgeois), et l’argent issu de la vente sera destiné aux programmes destinés aux jeunes cyclistes du pays ». Car en plus de reproduire avec une précision saisissante les traits de nos plus grands champions, « Nico » est également un homme généreux. 

L’homme en profite également pour évoquer son amitié avec Charly Gaul : « Je connaissais bien Charly oui, c’était un immense champion » lâche t-il au moment de nous montrer une carte d’anniversaire que lui a envoyé l’Ange de la Montagne à l’occasion de son cinquantième anniversaire en 1996. Il faut dire qu’il y a très peu de cyclistes du pays que Nico Langehegermann n’a pas immortalisé sur ses portraits. Mais d’ailleurs combien de temps cela prend de réaliser un portrait ? « C’est difficile à dire, le tableau avec tous les cyclistes, cela m’a pris environ 80h de travail, un portrait c’est plutôt autour des 20h ». Et au niveau des techniques employées ? « J’emploie surtout des encres, de l’acrylique, avec la technique du air brush pour le fond, parfois le pistolet, et le pinceau pour le reste ». 

Un véritable touche à tout

Mais il n’y a pas que dans les galeries d’art que Nico Langehegermann fait parler son talent. Il fut un temps ou c’est également dans la restauration d’église qu’il faisait parler sa sensibilité artistique. A son actif également, la réfection du monument consacré au général Patton à Ettelbruck. Autre restauration à mettre à son crédit, celle d’une célèbre façade de la capitale, ou l’on peut y lire la devise nationale Mir wëlle bleiwe wat mir sinn. 

En plus de sa passion pour l’art et le cyclisme, Nico Langehegermann est également un amateur d’automobiles et de rallyes historiques. Il a également participé à plusieurs courses de côtes au pays au volant de sa Mini Cooper S. Il a d’ailleurs également immortalisé cette dernière sur toile, et a même réussi à y faire apposer l’autographe du vainqueur du Monte-Carlo 1964, disparu en 2022, Paddy Hopkirk. 

Pour ce qui est de la pratique du cyclisme, les années qui passent ne semble pas arrêter notre artiste-cycliste : « Je continue à faire du vélo, je fais encore pas mal de kilomètres, je fais d’ailleurs  partie d’un groupe de passionnés, le Gruppetto, qui rassemble d’anciens coureurs ». Et pour ce qui est de la transmission de la passion de l’art dans la famille Langehegermann, elle est en bonne voie : « Ma petite fille vient souvent à l’atelier, je l’initie ! ». La flamme n’est donc pas prête de s’éteindre… 

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