Conjuguer le cyclisme au féminin

En plein essor au niveau mondial, le cyclisme féminin peine à se faire une place dans le paysage luxembourgeois. Les différents acteurs souhaitent rapidement changer de braquet afin de pallier cette situation.

Le vélo pour la gent féminine ne restera pas en bord de route. Avec trois cyclistes affublées du titre de professionnelles dans le peloton mondial, le Grand-Duché n’est pas en reste, mais peut mieux faire. Il faut bien évidemment prendre en considération le fait que notre pays enregistre seulement 661 000 habitants au 1er janvier 2023. Dit comme cela, le ratio n’a rien à envier à des pays où la population est beaucoup plus dense. En tout cas, la Fédération des sports cyclistes luxembourgeois, de concert avec les clubs et les collectivités, travaille d’arrache-pied. Les prises de licences dans l’univers de la petite reine sont en augmentation, avec 80 adhérentes au dernier recensement. Christian Helmig, directeur technique national, suit la question de très près et souhaite que l’essor se crée rapidement. Il concède toutefois : « Pour linstant, nous ne comptons pas assez de licenciées chez les femmes. » Mais alors que faire pour voir ce chiffre décoller ? 

En attendant d’explorer les différentes pistes possibles, le DTN de la fédé explique : « Deux solutions s’offrent à nous. Soit nous essayons de mettre en œuvre quelque chose, soit nous attendons que la demande arrive. Les fédérations de chaque pays rencontrent ce type de problèmes. Nous possédons assez de moyens pour faire bouger les lignes, mais ce n’est jamais assez pour tout mener à bien. » Pour preuve, les cyclistes féminines du pays bénéficient dorénavant d’un programme de préparation et de courses plus étoffé, avec la mise en place de stages ou de camps qui leur sont exclusivement destinés. Mais cela ne suffit pas. La faute notamment à ce nombre pas assez conséquent de Luxembourgeoises pour permettre la création d’une nouvelle émulation. 

C’est d’ailleurs cette raison qui a récemment eu la peau du Team Andy Schleck-CP NVST-Immo Losch, alors qu’il évoluait en troisième division féminine entre 2020 et 2022. Claude Losch, fondateur de la formation qui s’est éteinte il y a peu, et en parallèle président du club du SAF Cessange, mais aussi en charge de l’organisation du Ceratizit Festival Elsy Jacobs, est bien placé pour parler de la problématique du cyclisme chez les dames : « Notre but était de permettre à de jeunes Luxembourgeoises de se lancer dans des courses professionnelles, de leur donner leur chance de se développer, alors que l’équipe nationale ny parvenait pas. C’était prometteur, mais nous avons vite constaté que nous ne possédions pas assez de ressources sportives pour ce projet. Nous nous sommes retrouvés dans une situation où l’équipe devenait uniquement composée de cyclistes étrangères. Tout linverse de ce que nous voulions au départ… » Malgré la déception de l’arrêt de cette équipe, il ne faut pas oublier qu’elle a permis à une athlète comme Nina Berton d’activer sa transition vers le monde professionnel. La native de Kehlen porte dorénavant la tunique du Team Ceratizit-WNT Pro Cycling et vient de se confronter à la concurrence sur le mythique Tour de France.

À son sujet, une idée trotte dans les têtes de Christian Helmig et Fränk Schleck : « Nous espérons fortement que Nina, mais aussi Marie (Schreiber) revêtent une fonction de “role models” pour les jeunes filles qui les suivent. Il est important que les moins âgées sidentifient à leurs aînées. » Comme pour Berton et Schreiber qui ont toujours voulu se mettre dans la roue de l’incontournable Christine Majerus. Cette volonté permettrait à coup sûr de donner une nouvelle impulsion au vélo féminin au Luxembourg même si le DTN l’avoue « nous essayons dattirer le plus possible de filles dans nos clubs, mais la communauté est assez petite et pour le court terme, nous navons pas les solutions. » Heureusement, une chose – ou plutôt un bâtiment magistral – va se charger de changer la donne : le Vélodrome de Mondorf. Fränk Schleck confie : « On en attend beaucoup. Cela sera beaucoup plus facile pour lencadrement. »

En attendant, une des idées à l’étude est de créer un esprit de groupe qui reste ensemble et qui apporte un souffle nouveau. Surtout que de jeunes pousses risquent de le rejoindre prochainement. Le coordinateur national, en amoureux du cyclisme, ne peut que s’en réjouir : « Il faudra certainement compter à lavenir sur les sœurs Barthel Leila et Maïté, mais aussi sur Liv Wenzel. Nous sommes clairement à un tournant. À nous de bien le négocier ! » Pour ce faire, la FSCL met en place une programmation de choix avec des participations pour les filles à des courses réputées et qui peuvent leur servir de tremplin. Tour de Normandie (où Nina Berton a fini meilleure grimpeuse), Tour du Morbihan, mais aussi plus récemment le Tour de l’Avenir, tout est fait pour offrir les meilleures conditions aux cyclistes luxembourgeoises. Elles bénéficient aussi désormais de la création d’une équipe mixte avec la sélection autrichienne de cyclisme. Les deux nations se retrouvent ensemble, sous le même maillot, pour s’entraîner et se mettre en compétition : « Cela permettra aux plus compétitives de les supporter au mieux et de ne pas stagner seules au pays. »

Le vainqueur de l’Amstel Gold Race 2006 continue : « La FSCL a la responsabilité de supporter et de promouvoir le cyclisme féminin, mais nous attendons aussi de nos athlètes de communiquer sur le vélo. » Entre les lignes, il soumet l’idée de responsabiliser les talents : « Pourquoi ne pas recruter une Christine Majerus à la fin de sa carrière ? »En attendant ce transfert qui aurait du sens, il faudra aussi continuer à aller dans les écoles pour y réaliser des initiations de bicyclette auprès des bambins. En tout cas, Fränk Schleck, porte-voix de toute une fédération, le promet de manière catégorique : « Nous ferons tout pour soutenir ce qui peut permettre le développement de notre sport auprès des femmes. » 

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