Marc Plata : « La respiration et le relâchement, c’est la base »

Marc Plata, 42 ans, nageur puis entraîneur de natation à Dudelange pendant des
années, a vécu un burn-out dans le cadre professionnel qui l’a poussé vers le
chemin de la reconversion. Il est aujourd’hui sophrologue et thérapeute
respiratoire au Centre Respire qu’il a ouvert à Strassen. Et il accompagne de
nombreux sportifs. Rencontre.

Vous êtes aujourd’hui sophrologue et thérapeute respiratoire, mais cela n’a pas toujours été le cas. Il y a eu un déclic et une reconversion professionnelle. Racontez-nous la genèse de cette aventure.

Plus qu’un déclic, on peut même parler de claque. Pour me présenter un peu, j’ai fait des études dans le sport, j’ai une maîtrise en fac de sport (à Nancy et Longwy), j’ai fait un D.U. en biologie du sportif en fac de médecine à Paris, et je suis aussi maître-nageur et entraîneur de natation. J’ai entraîné pendant quinze ans au club de Dudelange. À côté de ça, j’ai été secrétaire de direction à l’école Sainte-Sophie au Luxembourg, qui a ensuite ouvert une structure française. J’occupe ce poste pendant sept ans. Un poste de responsable administratif financier s’ouvre ensuite à l’école française et je l’obtiens. Et quand l’école a fusionné avec le lycée Vauban et que la structure s’est retrouvée à la Cloche d’or, je suis devenu facility manager (responsable des services généraux).

C’est là que la claque est arrivée. J’ai fait un burn-out en 2014 et j’ai vécu un licenciement économique. J’ai alors découvert la sophrologie pour moi-même, j’avais besoin de respirer. J’ai arrêté d’entraîner et je suis entré en formation de sophrologue pour deux ans, à Paris. J’ai suivi mon intuition qui me disait d’aller dans cette direction.

Comment les choses se sont-elles matérialisées ? Comment en arrivez-vous à ouvrir ce centre de thérapie respiratoire à Strassen ?

En 2019, il y a ce licenciement économique. J’ai réfléchi à ce que je voulais faire, repartir dans un job routinier ou développer quelque chose qui me corresponde davantage. Je me suis d’abord formé en réhabilitation respiratoire auprès de la Société européenne de pneumologie et la faculté de Louvain (en physiologie respiratoire). Je voulais d’abord comprendre comment cela fonctionnait à l’intérieur. Et ensuite, j’ai développé la partie sophrologie qui permet d’apprendre à gérer son souffle, son système nerveux, pour se reconnecter à soi et à ses vibrations, de prendre conscience de soi et en même temps, du coup, de ses capacités et de tout ce que l’on peut faire.

Quels types d’accompagnements proposez-vous aujourd’hui ?

À l’heure actuelle, j’accompagne beaucoup de personnes sur des problématiques de stress, de dépression, de burn-out. Les gens qui viennent ont souvent du mal à respirer, sentent que quelque chose est bloqué dans leur poitrine. On ignore souvent notre diaphragme alors qu’il est essentiel dans notre vie de tous les jours. C’est le muscle qui nous permet de nous oxygéner, de prendre de l’énergie, de la force, de pouvoir rester concentré. À partir de l’année prochaine, je développerai également des accompagnements autour de l’oxygénothérapie.

À quand remonte votre lien avec le monde du sport ?

Quand j’étais tout petit, 6 ou 7 ans, mon père m’a mis au foot, toute ma famille y jouait. Mais ça ne m’a pas plu. Et à 9 ans, je suis « tombé dans l’eau » et j’ai fait de la natation de cet âge-là jusqu’à 22 ou 23 ans en compétition, au club de Thionville. Après, je suis devenu entraîneur. Et aujourd’hui, j’ai recommencé à entraîner puisque je m’occupe des nageurs du Sportlycée auprès de la Fédération luxembourgeoise de triathlon.

Accompagnez-vous des sportifs aujourd’hui et comment ?

J’ai des sportifs en accompagnement, et j’essaye de les aider à exister en tant que personnes et pas uniquement en tant que sportifs. À ne pas tout résumer à leur sport.

Julie Meynen, qui se livre dans ce numéro, partage cette expérience d’avoir tout donné à son sport, peut-être trop, et évoque ces moments de sacrifices où on se torture le corps et la tête à l’entraînement. Elle termine en disant que, même si les choses évoluent, on a trop longtemps laissé de côté l’accompagnement mental chez les sportifs. Quel regard portez-vous là-dessus ?

Je partage à 400 %. Il ne faut jamais perdre la notion de plaisir, c’est un mot très important. Même quand on est un sportif de haut niveau. Si on s’enferme uniquement dans l’aspect travail, ça va par définition devenir laborieux et on oublie pourquoi on y va. Et je fais une différence entre la préparation mentale à la performance et cet accompagnement du sportif dans sa vie globale. On se focalise sur la personne en elle-même et pas que sur l’athlète. Les blocages dans les performances peuvent venir d’ailleurs : du quotidien, du couple, d’un contexte familial, professionnel, etc. Si on travaille juste sur la préparation à la performance, on n’optimise pas les capacités du sportif.

En quoi la respiration est-elle essentielle chez les sportifs ?

Elle est primordiale, c’est la base. Tant que certains n’auront pas compris cela, ils passeront à côté de quelque chose. Je travaille ça avec ceux qui viennent me consulter. J’ai notamment des nageurs et des karatékas. Ils viennent en fonction de besoins complètement différents. Cela peut être pour du moyen et du long terme, durant toute une saison, ou pour régler une problématique spécifique de stress, de blocage. Ici, on utilise la respiration pour revenir au corps, à soi.

Et avec les triathlètes que j’entraîne, on a mis en place des exercices de respiration avant l’entraînement.

La prise de conscience de tous ces paramètres mentaux, de l’importance de la respiration, est-elle aujourd’hui suffisante selon vous dans le monde du sport ?

Non, pas assez, car cela passe toujours après, à la fin, s’il reste un peu de temps. Cela se fait toujours en fonction des moyens aussi… Mais des choses se mettent en place. C’est comme tout, pour passer des caps, il faut des structures, des gens, de l’argent. Cela prend du temps.

À titre personnel, quels sont vos sports favoris ?

La natation, évidemment. Mais j’ai découvert l’apnée avant le covid. Quand on est sous l’eau, on arrête de respirer, et tenter de tenir longtemps encourage à apprendre à mieux respirer et à mieux se connaître. On prend conscience de comment est fait son corps. Il y a des moments où j’étais stressé, et je tenais 30 secondes. Alors que mon meilleur temps, c’est 5 min 40 s. C’est une question de relâchement intérieur et de mental.

Vous regardez du sport à la télé ?

Non, pas vraiment, je ne suis pas un super supporter. J’aime bien accompagner un ami à des matchs de handball. Il m’emmène voir Berchem. Je préfère aller voir des matchs en vrai que regarder la télé.

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