Un stade, une histoire : le Stade de la Frontière

Les enceintes du football grand-ducal sont parfois l’antre de souvenirs historiques comme d’anecdotes sur la ville, le club ou les joueurs qui les ont arpentées. Focus sur le stade de l’AS Jeunesse d’Esch

Stade de la Frontière – AS La Jeunesse d’Esch-sur-Alzette

C’est l’un des stades les plus anciens du Grand-Duché. Inauguré le 2 août 1920, il a connu surtout une métamorphose majeure en 1970 lorsque la municipalité a décidé de sa rénovation complète, terrain compris, avec une pelouse tournée à 90° par rapport au gazon précédent! Un virage pour les supporters comme pour le club centenaire (1907) qui comptait jusque là onze titres de champions et a vu son palmarès augmenter de 25 trophées (17 championnats et 8 coupes du Luxembourg), notamment au cours de la période faste des années 90.

C’est pourtant au cours des seventies que le stade a dépassé les frontières de manière récurrente, en recevant pour la première fois depuis 1927 des matchs internationaux des Roud Léiwen par exemple. En 1984, ce sont plus de 8000 spectateurs qui ont assisté à la rencontre face à la Turquie en amical! À l’époque, la capacité d’accueil était plus grande et l’équipe a joué à guichets fermés : « les normes de sécurité étaient presque inexistantes et les supporters étaient plus disciplinés » nous confie Jean-Claude Conter, vice-président de la Jeunesse. Une pelouse qui n’a pas forcément porté chance à notre sélection, puisqu’en 9 réceptions on ne dénombre qu’une seule victoire (en 1972) pour 6 défaites et 2 nuls.

D’une capacité totale de 4000 places dont 1200 places assises en tribune, le stade « Op der Grenz » est aussi le témoignage laissé par l’ARBED (Aciéries Réunies de Burbach-Eich-Dudelange), aux côtés des vestiges de la sidérurgie et des minerais de fer. C’est aussi l’ARBED qui a cédé du terrain à la Jeunesse pour permettre l’agrandissement et la rotation de la pelouse de la Frontière. Devant la tribune centrale d’origine (autrefois derrière les buts), la pelouse actuelle a été refaite en 2021.

Côté intérieur, les travées ont été mises en réfection à l’occasion du centenaire du club en 2007. L’exposition des photos d’archive enrichit à présent les couloirs qui mènent aux vestiaires et rappelle l’époque où la Jeunesse a affronté le Real, les Reds ou encore la Juve.

Car évoquer La Frontière sans parler des légendes qui ont foulé sa pelouse lors des campagnes de Coupe des Champions, ce serait faire affront à l’histoire de la Jeunesse d’Esch : Puskás avec Madrid en 1959, Kevin Keegan en 1973 avec Liverpool, Rumenigge et Beckenbauer en 1975 avec le Bayern München, Michel Platini et Michael Laudrup sous le maillot de Juventus Turin en 1985…

On comprend mieux pourquoi Jean-Claude Conter ne serait pas pressé de voir la Jeunesse déménager comme le serpent de mer qui revient fréquemment. « De toutes façons, il n’y a pas la place à Esch ! Et bien peu de subsides, étant donné que nous avons de nombreux clubs : handball, basket, et trois équipes rien que pour le foot. »

Une rénovation récente (2022) a permis au stade de changer les anciens gradins en une infrastructure plus conforme accueillant jusqu’à 800 spectateurs assis en tribune ouest en plus des 1200 places en face. Des places non abritées, mais d’après le vice-président, cela aurait été inutile : « le soleil est de l’autre côté et le vent de face ramène la pluie! »

Car ce qui compte pour les supporters prêts à braver les éléments, c’est de sortir la Jeunesse de la zone rouge où elle est engluée, avec des blessures qui s’enchaînent chez les joueurs-cadre. La pression sera grande car personne ne voudrait voir le Stade de la Frontière quitter l’élite du football grand-ducal où il fait briller la Jeunesse depuis plus de 23 ans.

Marco Noel

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