Un nouveau complexe tennistique au Luxembourg à venir

Après plus de cinq ans d’attente, le projet d’un nouveau complexe tennistique au Luxembourg semble définitivement acté. Une très bonne nouvelle pour les nombreux organes impliqués dans ce chantier, qu’il s’agisse de la ville d’Esch, du ministère des Sports ou de la Fédération luxembourgeoise de tennis.

« C’est loin, mais pas si loin. » Voici comment Claude Lamberty résume, avec le sourire, la situation. Le président de la Fédération luxembourgeoise de tennis peut en effet se réjouir, après de nombreuses années d’attente, de voir le projet d’un nouveau complexe tennistique enfin officialisé. 

Car il aura fallu faire preuve de patience durant une demi-décennie, entre le lancement de la réflexion et la présence, dans le projet quinquennal, d’une future construction au sein de la ville d’Esch. Les étapes auront été longues, parfois fastidieuses, et sûrement frustrantes, mais le résultat est – sauf surprise malvenue – bien là. Oui, la ville d’Esch va pouvoir s’offrir le plus grand complexe tennistique au sein du Grand-Duché.

Un aboutissement pour un projet véritablement lancé en 2018, fruit d’une analyse sans fard sur les infrastructures déjà existantes au Luxembourg. « C’est une réflexion qui a commencé en 2018 après les élections communales », nous confirme Lamberty. Ce dernier est en effet mis au courant il y a cinq ans du désir de Georges Mischo, bourgmestre de la ville d’Esch, de moderniser le tennis club de ladite ville. Une occasion pour la FLT de se joindre au projet et de proposer un travail commun entre différents acteurs. « Georges Mischo avait promis, avec le collège échevinal de la ville d’Esch, de construire un nouveau complexe pour le Tennis Club d’Esch. À ce moment-là, Carlo Poos – président du club d’Esch et membre du Comité d’administration de la FLT – m’a informé. Je me suis dit que nous avions un centre national, mais que s’il y avait un chantier, cela pourrait être l’occasion de penser, rénover, agrandir, chercher des synergies et construire un site exploitable, surtout pour des tournois. Nous avons besoin d’une infrastructure pour les entraînements, mais aussi pour des tournois, que cela soit pour les jeunes talents ou autres. On a parfois, dans l’année, besoin de plus que les terrains que nous avons à disposition actuellement. »

En l’état, le centre du club du Tennis d’Esch appartient alors à une fondation dans laquelle se retrouvent plusieurs institutions. La Fédération luxembourgeoise de tennis, donc. Mais aussi le Tennis Club d’Esch et le ministère des Sports. Un trident prometteur sur le papier, mais qui pouvait, du fait d’une hiérarchisation pas toujours claire, avoir des difficultés à avancer par moments. « Il y avait à certains moments des problèmes de gouvernance, car personne n’était vraiment responsable. On remarquait certains besoins de rénovation ici et là, mais cela n’avançait pas vraiment, par manque de budget, car la ville d’Esch disait toujours “Nous n’avons rien à voir avec cela”, et le ministère disait toujours “On n’est pas compétents dans ce domaine.” Il y avait donc un vide vraiment frustrant. On a alors discuté au sein de la fondation avec tous les représentants, en assurant que l’on était favorables à l’idée de nous rallier en cas de projet de la ville d’Esch. »

Un premier pas vite prometteur, puisque l’initiative reçoit l’approbation de Dan Kersch, alors ministre des Sports au Luxembourg. Une bonne nouvelle que la FLT observe de loin, plus passive qu’active dans un dossier sur lequel elle ne peut fondamentalement pas prendre les devants. « Le terrain appartient à la ville d’Esch, donc c’était à elle de prendre le lead sur le projet. Le ministère, lui, devait se rallier pour le financement côté national. On était plus dans une position de spectateur que d’acteur. On espérait que cela s’améliore, mais nous n’étions pas réellement décisionnaires, n’ayant pas les moyens financiers. » S’ensuivent alors plusieurs aléas qui perturbent le désir de renouveau. Premier coup dur : la pandémie. Une terrible crise sanitaire met logiquement en pause les avancées sur le dossier. De loin, Lamberty observe donc la situation qui avance, parfois frustré de l’absence de mouvement. Un sentiment partagé par Georges Mischo, qui n’hésite pas à faire avancer les choses, en suggérant de faire aboutir ce projet sans le ministère si nécessaire. « À un moment donné, on a reçu l’aval pour lancer un projet commun, et on nous a demandé de dire explicitement ce dont nous avions besoin. Georges Mischo disait toujours que c’était au ministère de trancher. “Ou je réalise un projet à part, car je veux vraiment le réaliser, ou vous vous ralliez et on fait un projet en commun.” La ville mettait donc un peu de pression. Nous étions toujours preneurs, mais on était dans l’attente du ministère. »

Alors que les années passent, les têtes aussi. Suite à la démission de Dan Kersch, Georges Engel le remplace. Le projet lui est de nouveau présenté, et le ministre des Sports y est favorable. Mais d’autres aléas vont encore ralentir l’avancée du dossier. « Même si j’avais la confirmation qu’il était favorable, cela prenait, encore une fois, des mois pour lancer le tout. À la Chambre des députés, j’ai entendu qu’en principe, il n’y avait pas de problème. Il y avait néanmoins beaucoup de changements sur le plan administratif, ce qui retardait le tout, mais dans les coulisses, on entendait que le projet avançait. » Jusqu’à la libération : « Début décembre, la Chambre a montré son projet quinquennal avec tout ce qui allait être investi. À ce moment-là, vu que le complexe en faisait partie, j’ai su que cela allait arriver. »

Les prochaines étapes ? Avant tout, parfaitement définir ce qui sera inclus dans le complexe. « On a eu une réunion fin janvier avec des représentants de la ville d’Esch et le ministère des Sports. Même s’il existe déjà un croquis, il faut maintenant avoir le projet concret avec les demandes de chacun sur ce qui est nécessaire d’ici le mois de juillet. La ville d’Esch va prendre le lead en termes d’infrastructures et de travaux. Pour la partie fédérale, le ministère va subventionner jusqu’à un montant qui devrait être approximativement de 75 %. » Le président de la FLT – qui a attendu de longues années pour enfin voir le chantier se lancer – voit d’ailleurs, amusé, les avantages d’avoir patienté cinq ans pour que tout se lance. « La fédération a intégré le paddle dans la structure fédérale du tennis, ce qui va nous permettre de prévoir des terrains pour cette discipline au sein du CNT. En ce sens, que cela ait pris du retard a été bénéfique, puisqu’il y a cinq ans, on n’aurait jamais eu de terrain étant donné que personne ne parlait de cette discipline. »

Un complexe idéalement achevé en 2027

Même si les contours du projet ne sont pas encore officialisés, l’excitation est légitimement de mise du côté de la fédération, heureuse de pouvoir compter sur une enceinte digne de ses ambitions. « Cela va nous donner beaucoup d’autres moyens et opportunités pour organiser de belles compétitions sur le futur site. Tout ce qui est organisé par la FLT aura lieu ici, évidemment. Maintenant, des clubs comme Schifflange, Pétange ou le Spora, logiquement, s’ils réalisent quelque chose, le feront chez eux. Mais s’ils veulent emprunter les terrains, on sera toujours ouverts à l’idée. » Pour pouvoir offrir un cadre idéal aux membres de l’équipe nationale, un central doté d’approximativement 1 000 places devrait voir le jour. Mais aussi cinq courts annexes qui seront tous équipés d’une tribune pour garantir des spectateurs. « Ce que l’on va demander, ce sont des tribunes sur tous les courts, y compris annexes. Il faudrait au moins entre une vingtaine et une cinquantaine de places par terrain, ne serait-ce que pour les petits tournois ITF, nos championnats, ou la finale de Coupe de Luxembourg, car on y a toujours des spectateurs. Pour le Grand Central, comme c’est le cas actuellement, il est important pour les rencontres internationales dames et hommes d’avoir une infrastructure plus conséquente. Que cela soit 800, 1000, voire 1 500 personnes, c’est très bien. »

Combien coûtera une telle rénovation ? Difficile à dire pour le moment, pour plusieurs raisons. Premièrement, tant que le cahier des charges et la structure totale du complexe ne sont pas validés, il est dur de budgétiser. Ensuite car avec un marché de la construction qui vit une période fragile, il est compliqué de savoir ce qu’il en sera d’ici quelques années. « On veut cinq terrains, de l’indoor outdoor, des terrains de paddle… C’est très difficile de se projeter financièrement en l’état au vu d’un projet qui sera lancé en 2025. Aujourd’hui, avec toutes les problématiques autour des prix de construction, il est compliqué de lancer des chiffres. »

Et quand pourraient s’achever les travaux ? Selon les dires de Claude Lamberty, 2027 serait une victoire. Entre soucis de location, travaux de construction divers et autres aléas, il faudrait donc encore quatre années pour voir le projet se concrétiser. Une attente pas si longue au vu du potentiel immense du projet. Validé par Giller Muller, Claudine Schaul, Anne Kremer ou Mandy Minella – mis dans la boucle et la réflexion sur l’ossature de l’enceinte – le projet pourrait donc, dans les années futures, nous permettre de supporter Alex Knaff, Chris Rodesch et autres espoirs du tennis luxembourgeois dans un cadre digne des ambitions au pays. En cela, c’est déjà une bien belle victoire.

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