L’Entente Wincrange-Wiltz se maintient chaque saison avec de faibles moyens, dans un championnat D1 Dames qui se corse d’année en année. Les deux trentenaires et taulières de l’équipe, Martine Schon, capitaine, et Pia Berscheid nous ont répondu au cours d’une interview croisée.
Comment êtes-vous arrivées au foot ? Quel est votre parcours ?
Martine : De mon côté, j’ai deux frères qui jouent au football (ndlr : Ralph, gardien de Wiltz en BGL, et Claude, anciennement joueur au FF Nord 02) donc depuis tout petits, en tant qu’enfants on jouait au village. Les après-midis après l’école et pendant les vacances on allait au terrain synthétique pour jouer ensemble et avec d’autres copains et copines. C’est là où j’ai commencé à trouver du plaisir et du bonheur dans le foot. Les garçons m’ont appris toutes les bases. Mes parents ne voulaient pas que j’aille dans un club parce que je faisais de la musique, ils préféraient que je me concentre sur ça. A 14 and j’ai réussi à les convaincre, enfin ! J’ai démarré au FF Norden 02 avec une équipe Dames, où j’ai passé deux ans. Il y a eu une fusion avec Hosingen, nous étions en D2. En 2012, Joël Reichling, mon coach actuel, m’a appelé pour rejoindre Wincrange en D1. J’ai accepté tout de suite pour jouer plus haut et progresser. Et cela fait maintenant 11 ans que je suis là ! Le foot est une véritable passion. Je vais au stade le week-end, je regarde les matchs à la télé, c’est une grande partie de ma vie et de mon quotidien.
Pia : J’ai toujours joué à Wincrange, soit depuis 25 ans ! Depuis mes 5 ans d’abord avec les garçons, puis après avec les filles lorsque ce n’était plus possible de jouer avec les garçons, à 14 ans. Je vais parfois voir les matchs des garçons le dimanche. Je suis intéressée aussi par la Bundesliga. Le foot a un rôle énorme dans nos vies.
Quelles sont les forces de votre équipe, qui arrive à rester en D1 chaque saison alors que l’on sait que vous composez avec une difficulté à recruter et des moyens très limités ?
M & P : Pour nous, notre point fort a toujours été notre force mentale et notre esprit combatif et compétitif. On essaye de ne jamais s’arrêter, jamais lâcher, peu importe le score. Nous ne sommes pas toujours l’équipe la plus forte techniquement ou tactiquement dans ce championnat, mais nous ne lâchons rien et donnons tout jusqu’à la dernière minute. Nous arrivons à poser quelques problèmes à nos adversaires en jouant et travaillant ensembles. C’est difficile pour nous de recruter car on est très éloignées de tout, et même en Belgique c’est dur de faire venir de nouvelles joueuses. Aujourd’hui c’est notre plus gros frein mais nous donnons le maximum. Dès qu’il y a des blessures ou joueuses qui manquent en revanche on sent la différence de suite, vu que nous n’avons pas un effectif énorme. Mais notre esprit d’équipe est top, nous nous entendons super bien, nos sommes des copines, on fait des choses en dehors et ça aide.
Quel regard portez-vous sur le championnat et son évolution depuis de nombreuses années ?
M : Je trouve que le football féminin s’est beaucoup développé ces dernières années. La qualité des joueuses et de chaque club est monté d’un cran. Les entraînements se sont développés aussi. On sent que cela à un impact sur le public, il y a plus de supporters et d’intérêts pour nous. Aussi, les filles commencent plus tôt. Il y a moins de barrières, ce qui permet de progresser bien plus vite. La D1 monte chaque année en niveau, ce qui est vraiment génial. Il y a aussi de plus en plus de joueuses qui peuvent prétendre à l’équipe nationale et cela fait monter son niveau aussi (ndlr :Martine a fait de nombreux matchs en sélection).
P : Je vois que certains clubs peuvent investir plus désormais et transférer des joueuses d’autres clubs et pays, et cela permet de faire monter le niveau. On voit en revanche que les petits clubs ont moins de moyens et la différence se sent. Pour moi aussi, le niveau de la D1 augmente chaque année et c’est une belle avancée.
Pour vous c’est Wincrange ou rien ? Vous comptez rester dans le même club jusqu’au bout ?
M : Il ne faut jamais dire jamais. Je ne suis plus toute jeune, je ne sais pas encore combien de temps je vais jouer. On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve, je n’ai pris aucune décision quant à mon futur pour le moment.
P : Evidemment ! Je crois qu’après 25 ans la réponse est claire, je suis liée à ce club depuis toute petite, je n’ai connu que celui-ci, je finirais ma carrière là.
Quels sont les objectifs de cette deuxième partie de saison ?
M & P : Notre objectif, très clairement, c’est le maintien. Idéalement sans aller aux barrages. Nous devons encore travailler dur et gagner des matchs. On sait que cette saison c’est plus difficile, la deuxième partie est compliquée avec des blessures. Les équipes derrières poussent aussi pour se maintenir. Nous allons faire de notre mieux.
Propos recueillis par Betty Noel
