F91 Dudelange – Lech Poznan : Forcer le destin

Ce soir, sur les coups de 20h30, le F91 Dudelange accueillera le Lech Poznan, au Stade de Luxembourg. La dernière chance pour le tenant du titre en BGL Ligue de s’accorder un automne européen, et offrir au pays un frisson qu’il aimerait tant revivre. 

Il ne s’agit pas ici de mentir. L’opération s’annonce compliquée. Un retard de 2-0, face à une équipe au calibre supérieur, est dur à remonter. Il faudra, pour le F91, faire un match tutoyant la perfection, et touché de cette réussite si indispensable dès lors que l’on côtoie le plus haut niveau. Et, paradoxalement, s’appuyer sur le match aller disputé en Pologne malgré le résultat négatif.

Car derrière le score décevant, la partition dans l’ensemble, avait été intéressante. Et les quelques erreurs effectuées faciles à repérer, et, par déduction optimiste, faciles à corriger. Un début de match timide avait en effet coûté un but, à la suite d’un ballon mal renvoyé par l’arrière-garde, et un boulet de canon sur lequel Fox ne pouvait rien faire. Mais par la suite, Dudelange était vite revenu dans la partie, faisant dans l’ensemble jeu égal face à un adversaire moins fringant qu’attendu. Il avait néanmoins manqué des opportunités franches face à un groupe bien en place en face, et capable de contrecarrer les offensives des joueurs du Grand-Duché. Le F91 n’avait en effet pas réussi à amener une touche de folie dans la rencontre, ce qui s’explique aisément par le fait qu’avec un match retour restant, se jeter à l’abordage se serait apparenté à une mission suicide. En ce sens, le second but encaissé, entaché d’un hors-jeu flagrant, est un coup dur, quand bien même la loi du but à l’extérieur n’est plus.

Deux buts à remonter est toujours une équation complexe. Trouver l’équilibre entre un véritable allant offensif, et le maintien d’une certaine stabilité derrière est forcément coriace. Au vu des propos de l’entraineur adverse en conférence de presse l’an dernier, Poznan semble avoir prévu de venir pour jouer le contre, et proposer un bloc solide. Les coups de pieds arrêtés, force du F91, pourraient ainsi être une précieuse aide.

Autre clé : prendre le contrôle du match, et en maîtriser le tempo. Sans nécessairement se jeter bêtement tête baissée vers les cages adverses, il sera essentiel de dicter le rythme, tout en gardant un certain regard sur les potentiels contres de l’opposition. À ce petit jeu, le milieu de terrain va être particulièrement décisif, à l’image de Morren ou Bojic, dont le rôle de métronome sera essentiel pour maintenir l’ossature globale de l’effectif. Il s’agira aussi évidemment de gommer ces petites erreurs défensives qui ont pu coûter si cher, à l’image de cette terrible désillusion face à Pyunik, ou encore du premier but encaissé à Poznan sur un dégagement mal maitrisé.

Mais, au-delà de toutes les considérations tactiques que Fangueiro et son staff auront assurément pris en compte, un tel match se jouera avant tout dans la manière d’aborder ce choc dans lequel le club part, au coup d’envoi, perdant. Retourner la situation, dans un stade qui – malheureusement – sonnera probablement plus polonais que luxembourgeois, sera de ces défis qui peuvent paraître impossibles mais qui, si relevés, rentreront dans l’histoire du football au Grand-Duché. Au même titre que le Fola l’an passé, au-delà des rivalités régionales, la solidarité nationale doit prendre le pas, et pousser tout un pays à soutenir le F91, dans sa quête de reconnaissance.

Ce soir, à 20h30, et pendant – au moins – 90 minutes, joueurs comme staff n’auront qu’un objectif : forcer le destin, pour permettre, encore une fois, d’offrir au F91 l’ivresse des nuits européennes d’automne. La mission, assurément complexe, n’offre pas au club de la Forge du Sud la faveur des pronostics. Logique, en somme, le résultat à remonter étant conséquent, face à une équipe, sur le papier, supérieure. Mais, pour réussir l’impensable, il faut sortir du simple rationnel, et aller piocher du coté de la passion. Ainsi, les joueurs doivent se nourrir de tout ce qu’ils ont vécu lors de cet été continental :  le double succès contre Tirana, la victoire en Arménie, les erreurs grotesques contre Pyunik, la défaite sèche en Suède ainsi que le retour enthousiasmant, et la grossière erreur d’arbitrage lors du match aller. Il s’agira de se galvaniser de ses joies, douleurs, colères, et les transformer en une dernière salve de fougue et adrénaline, suffisante pour renverser une montagne. Alors, Dudelange pourra peut-être, réussir un authentique exploit.

Lors d’un entretien dans nos colonnes, il y a de cela quelques mois, Carlos Fangueiro s’était confié sur sa méthode, et sa capacité à galvaniser ses troupes. Avec le sourire, mais toujours dans une forme de franchise, l’entraîneur était allé jusqu’à avouer que parfois, il réussissait à se donner lui-même la chaire de poule lors de causeries enflammées. Il s’agira donc de réussir, encore une fois, à transcender une nouvelle fois son groupe qui aura lui, pour mission d’enflammer le public, le temps d’une belle soirée d’août. Et qui sait, si tout se passe comme dans un rêve, le temps de nouvelles nuits dorées, lors d’un bien bel automne européen.

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