Käerjeng mise sur la formation de ses petits princes

L’UN Käerjeng 97 vient de remporter sa deuxième Coupe du Prince après celle de 2013/2014. Le fruit d’une politique de formation entamée il y a environ sept ans et basée sur un véritable fil rouge. Rencontre avec Romain Gaasch, coordinateur jeunes au club depuis quatre ans, afin de comprendre les tenants et les aboutissants de ce travail de l’ombre.

Elle est là, elle rayonne, posée sur un promontoire au premier étage du stade, dans la salle du Club House : l’imposante Coupe du Prince. Le lundi 1er mai, les U19 de l’UN Käerjeng ont remporté la finale, aux tirs aux buts (3-2, 0-0 à la fin du temps réglementaire), face au Racing. C’est la deuxième pour le club, après celle gagnée en 2013/2014. Pour Romain Gaasch, coordinateur jeunes du club depuis quatre ans, ce trophée vient récompenser la politique du club en matière de formation : « Tout le club est à fond sur ce travail et il existe une grosse continuité depuis environ sept ans, avec ce qu’a notamment effectué mon prédécesseur, David Zenner. Sur les U19, on a 30 joueurs dont 7 ou 8 ont fait leur première licence au club. A une époque, certains jeunes partaient au bout d’un moment parce qu’ils pensaient trouver mieux au Fola, à Dudelange ou au Racing. Mais cela a changé. Aujourd’hui, certains sont revenus et ils sont moins nombreux à vouloir partir, c’est la tendance. La plupart de cette équipe U19 est composée de gamins qu’on a avec nous depuis au moins 2016/2017, cela fait cinq ou six ans que l’on travaille avec eux. »

« J’ai vu des enfants qui avaient deux pieds derrière et qui ont fini en BGL Ligue »

Romain Gaasch, sur l’importance de n’exclure personne chez les petits, de donner sa chance à tous les enfants et d’attendre beaucoup plus tard pour devenir sélectif.

Alors en sept ans, qu’est-ce qui a réellement changé du côté de Käerjeng et de ses jeunes ? Qu’est-ce qui a été véritablement mis en place pour faire bouger les choses et faire évoluer certaines mentalités ? « Bon, ce qui est très important pour nous, c’est qu’on a développé un vrai fil rouge », commence Romain Gaasch en préambule, avant d’ajouter : « Il faut préciser que le profil d’un jeune ici n’est pas forcément le même qu’à Differdange, Pétange ou Dudelange. A Bascharage, le niveau social est un peu plus élevé, donc il s’agit d’enfants qui ont souvent tout à la maison (consoles, télé, etc). Ce ne sont pas des gosses de la rue, qui ont déjà ce background du football de rue, ce côté grinta, volonté plus importante. C’est vraiment à nous de faire ce travail, de les bouger. » Conséquence ? Le club a augmenté le nombre d’entraînements par semaine dans toutes les catégories. « A partir de 8 ans, nous sommes passés à trois entraînemets par semaine, et dès 15 ans c’est quatre, trois séances classiques et une spécifique. On a embauché un coach diplômé qui s’occupe de tout l’aspect prépa physique, motricité, etc. », détaille le coordinateur jeunes.

La mentalité du club est de travailler en « pyramide » comme le dit Romain Gaasch. Accepter tout le monde chez les petits, avant de devenir beaucoup plus sélectifs à partir des U13. « Au départ, chez les petits, mon but est d’optimiser le potentiel de chaque enfant. On ne veut exclure personne au départ. Quand ils sont petits, on ne sait jamais comment ils vont se développer. J’ai vu des enfants qui avaient les deux pieds derrière et qui ont fini en BGL Ligue. Tous les enfants ici évoluent dans les mêmes conditions. » Ensuite, le club travaille davantage en année qu’en catégorie ; c’est d’ailleurs pour cela que les U16 et U17 seront lancées l’année prochaine. « Jusqu’en U13, et c’est important, la priorité n’est pas le résultat. On enlève cette pression aux coachs et aux jeunes. »

Romain Gaasch pose fièrement dans les tribunes du stade, avec le Coupe du Prince, remportée le 1er mai par les U19.

Après, évidemment, les choses changent. « Il faut être transparents avec les jeunes et c’est sûr qu’à partir des U15, on n’est plus là pour le loisir. On devient sélectifs, on travaille la qualité et on met beaucoup d’énergie pour les préparer aux seniors. Le niveau de qualification des coachs est également primordial. » Mais cette exigence et ce travail de sélection ne se fait pas sans une approche psychologique et des valeurs qui tiennent particulièrement à coeur à Romain Gaasch : « L’identification au club est essentielle pour moi. Il faut que les joueurs soient attachés à Käerjeng. On a presque 30 jeunes en cadre FLF… A un moment, j’en avais certains qui revenaient, parce qu’ils n’étaient plus retenus dans le cadre, et qui me disaient « Romain, je n’ai plus le lien ». Aujourd’hui, mon objectif est de tout faire pour que ce soit le plus difficile pour eux, sur le plan affectif, de quitter un jour le club. Je veux qu’ils aient tellement de bons souvenirs ici qu’ils n’aient pas envie de s’en aller. »

Et ça fonctionne. Lorsque l’on voit que lors de cette finale remportée de Coupe du Prince, cinq joueurs sur la pelouse avaient déjà intégré le cadre BGL et déjà joué plusieurs minutes pour certains dans l’élite (Noah Scheidweiler, Paulo Sousa, Thomas Schroeder, Ben Klein, Resul Mussoli), on se dit que cela peut devenir un nouvel argument fort de Käerjeng pour garder ses jeunes et en attirer d’autres, cette chance, peut-être un peu plus élevée qu’à Dudelange, au Swift ou au Racing, d’intégrer le cadre. « J’espère que c’est un argument. Même si attention, ce n’est pas une normalité. Entre les U19 et le cadre, il y a un gap aujourd’hui. Souvent t’as des gamins, il leur manque juste un petit truc, une année en plus pour passer le cap. Il manque une étape. C’est pour ça que l’année prochaine, on va mettre en place une équipe U23 non-officielle pour jouer le championnat des réserves et garder ses jeunes concernés », explique Romain Gaasch.

En regardant les résultats et le chemin parcouru, il y a en tout cas de quoi être fier. « On peut toujours progresser, mais on est déjà sur une très bonne voie avec le club. On fait deux finales l’an passé, coupe des scolaires et coupe des minimes, on gagne la Coupe du Prince cette année, on est en première classe junior, en deuxième en cadets, on est en première classe scolaires. On a dix joueurs scolaires en fédération, c’est énorme. Je n’aime pas trop ça, mais je crois qu’on peut quand même se comparer un peu au Racing sur ce plan », conclut le coordinateur jeunes. Une partie de l’avenir du club est en tout cas là, au coeur de ce travail et de cette jeunesse qui brille et s’affirme de plus en plus.

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