À quoi ressemble le Portugal de Martinez ?

Pour son premier rassemblement avec le Portugal pour les matchs de qualifications à l’Euro 2024, Roberto Martinez s’est appuyé sur les bases posées par Fernando Santos. Le technicien espagnol a tout de même effectué quelques ajustements depuis le Mondial au Qatar, avant d’affronter le Luxembourg.

Une liste quasi identique mais une animation bouleversée. Voilà comment résumer les premiers pas en compétition officielle de Roberto Martinez à la tête du Portugal. Pour affronter le Liechtenstein et le Luxembourg, l’ancien sélectionneur de la Belgique n’a pas entamé de révolution et marche sur les traces de Fernando Santos. Depuis le voyage au Qatar en fin d’année 2022, seulement trois joueurs ont quitté le navire : André Silva, William Carvalho et Ricardo Horta. Diogo Costa, finalement forfait, a été remplacé par Celton Biai, des Espoirs. Revenu de blessure du côté de Liverpool, Diogo Jota, régulièrement buteur avec la Seleção, fait son retour. Surtout, le principal changement de cette liste est la présence de six défenseurs centraux, dont le petit nouveau Diogo Leite. « On voit tout de suite la volonté de jouer à trois derrière avec cette répartition des profils », note Alexandre Ribeiro, fondateur et rédacteur en chef de Trivela, média français consacré à l’actualité du football portugais. « Gonçalo Inácio avait déjà été appelé, Diogo Leite découvre la sélection. Ce sont deux joueurs performants qui présentent l’avantage d’évoluer dans un système à trois en club (au Sporting et à l’Union Berlin), mais surtout, d’être gauchers, donc de pouvoir évoluer au poste de défenseur central gauche. Les choix de Martinez sont cohérents pour jouer dans ce système. David Carmo est en difficulté à Porto, où Fabio Cardoso commence à se faire une place, et Tiago Djaló de Lille est gravement blessé jusqu’à la fin de la saison (ligaments croisés). »

Pepe fait de la résistance

Sans bouleverser le groupe de la Seleção das Quinas, Roberto Martinez a fait un autre choix fort : seulement deux attaquants axiaux ont été appelés, Cristiano Ronaldo et Gonçalo Ramos. « C’est la partie la plus difficile de mon job », reconnaissait Roberto Martinez samedi, face à la presse, au Stade de Luxembourg. « Laisser des joueurs de côté, c’est difficile. Je dois toujours prendre des décisions par rapport à la façon dont on veut jouer. C’est un problème, mais un problème de riche ». Comme avec la Belgique, le technicien espagnol compte bien s’appuyer sur ses vieux briscards, à l’image également de Pepe, forfait de dernière minute mais toujours dans les papiers de l’ancien manager d’Everton. « C’est difficile de ne pas le prendre », souligne Alexandre Ribeiro. « Il a fait une grosse coupe du monde, il est l’un des plus performants. Certains pensent qu’il fallait tourner la page avec Cristiano et lui, mais ce ne sont pas des joueurs lambdas, ils font partie des trois joueurs les plus capés de l’histoire de la sélection, ce sont des monuments au Portugal, donc ils méritent de choisir le moment où ils ne seront plus sélectionnés. Ce doit être leur décision à eux. Il faut que ça se fasse dans de bonnes conditions, en annonçant leur dernier match pour organiser quelque chose, plutôt que de partir sur une défaite face à un adversaire abordable – malgré leur Coupe du Monde impressionnante – le Maroc. Il fallait s’attendre à leur retour, ça va être ses vieux soldats comme ont pu l’être Verthonghen ou Alderwereld. »

À 3, quel est le plan ?

Longtemps, le Portugal a évolué en 4-4-2 sous Fernando Santos. Sans véritable avant-centre, l’ancien technicien du Sporting avait trouvé la bonne recette pour associer Nani et Cristiano Ronaldo devant, avec à la clé le titre de champion d’Europe, en 2016. Après ce succès, les supporters portugais espéraient voir davantage d’ambition dans le jeu et le passage au 4-3-3 devait le confirmer. Seulement, sous ses ordres, le Portugal n’a que trop rarement produit un football attractif, malgré l’un des meilleurs effectifs d’Europe. Avec ce passage à trois derrière et la présence de défenseurs à l’aise à la relance, la Seleção peut exploiter à merveille les couloirs et le jeu dans les petits espaces. « Tous les systèmes peuvent être offensifs et tous les systèmes peuvent être défensifs. On est une sélection dominante et je suis très content de ce système », résumait Bernardo Silva samedi, face à la presse. « On voit un peu plus de mouvement et surtout beaucoup moins d’abus sur les centres vers Ronaldo », selon Alexandre Ribeiro. « Les latéraux comme Cancelo et Mendes sont faits pour ce système, les centraux y sont habitués et sont bons à la relance, ce qui est hyper important dans ce dispositif. Il y a beaucoup plus de jeu dans les pieds, beaucoup plus d’échanges, donc c’est plutôt positif. Il veut jouer comme ça, autant développer ça dès maintenant et profiter de ces matchs. C’est pertinent, il faut voir ce que ça donne à long terme, contre des équipes plus costauds. Et le Luxembourg sera déjà un adversaire plus costaud ». Pour affronter les Roud Léiwen, Roberto Martinez devrait apporter quelques changements par rapport au onze de départ aligné à Lisbonne face au Liechtenstein (4-0), jeudi soir. « C’est très important d’avoir du sang frais », avertit le nouveau sélectionneur du Portugal, qui a écarté Gonçalo Inácio et Raphaël Guerreiro pour cette rencontre. « Il y aura des changements, mais pas des changements simplement pour changer, plutôt pour apporter de la fraîcheur. Diogo Leite et Mateus Nunes font du très bon travail. Je sais que c’est très difficile de prendre les trois points ici et Luc Holtz fait du très bon travail avec cette équipe. »

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