Pit Stop :  Pol Leytem dans le grand bain

Dans la discipline des sports mécaniques, l’un des moments clés d’une carrière est l’émancipation du karting vers d’autres disciplines. C’est exactement ce qui attend Pol Leytem cette saison. Après une saison 2023 pleine, ponctuée par un titre de Champion de Luxembourg de Karting en catégorie Senior, une 3e place à la Ligue de Karting du Grand Est dans cette même catégorie, le fraîchement couronné Pilote de Karting luxembourgeois de l’année disputera en 2024 la DMV BMW 318ti Cup. Entretien.

Pol, cette saison 2023 restera longtemps dans votre mémoire…

C’était une très belle saison. Ça a été une lutte acharnée pour garder cette troisième place. C’était difficile, mais j’ai réussi.

Pour 2024, on a appris, voilà deux semaines, que vous alliez franchir le pas de vous émanciper du karting…

C’est désormais officiel. J’ai eu un baquet pour participer à la DMV BMW 318ti Cup dans l’écurie Cuntz Motorsport. J’ai par la même occasion intégré le programme Young Talents. Il y avait 21 candidats. Il y en a 3 qui ont été sélectionnés, dont moi. Grâce à cela, je vais avoir un coach qui va me suivre pendant toute la saison et je devrais faire un fitness camp. Et à la fin de l’année, normalement, je pourrai faire un test sur une BMW M4 GT4. Tout s’est fait assez spontanément. À la mi-saison 2023, un de mes amis m’a proposé de faire un test avec sa BMW à Chambly pour voir si la discipline des voitures de tourisme pourrait m’intéresser à l’avenir. On est alors partis à Chambly, j’ai fait le test et j’ai adoré. On a commencé à s’intéresser au sujet. On a découvert la compétition DMV BMW 318ti Cup par des vidéos YouTube et cela m’a impressionné, autant l’action que son côté familial. On a alors trouvé une voiture qui a déjà participé au championnat. On a fait les premiers tests et on est entrés en contact avec Cuntz Motorsport. Et à partir de là, j’ai pu m’inscrire à la compétition. 

Vous n’avez encore que 16 ans. Vous n’avez donc pas encore le permis, mais vous serez déjà  au volant d’une voiture en championnat officiel. C’est une situation assez remarquable…

Je peux voir la jalousie dans le regard de mes copains (rires). C’est un sentiment incroyable de pouvoir déjà piloter une voiture à 16 ans. Ce n’est plus du karting. C’est beaucoup plus complet. L’habitacle est fermé, il y a un embrayage, un levier de vitesse… Il faut veiller à passer les vitesses aux bons moments. C’est vraiment très plaisant. En plus, on roule sur de vrais circuits et non des pistes. Le public ne fait pas vraiment la distinction entre kart de location et kart préparé pour la course. Par conséquent, les courses de karting ne les attirent pas trop. En revanche, sur ces grands circuits, avec leurs tribunes et avec une course retransmise en direct sur YouTube, on atteint un tout autre niveau de visibilité. Et la discipline est très spectaculaire. À chaque course, il y a 60 voitures au départ… Je suis curieux de voir ce que ça va donner au départ au Nürburgring avec son premier virage en dévers… 

En parlant de visibilité, est-ce que vous ne seriez pas, par hasard, coéquipier d’un certain Timo Glock pour la manche d’ouverture ?

C’est juste. Il sera pilote invité de l’écurie Cuntz Motorsport. C’est incroyable de me dire que je vais partager mon box avec un ancien pilote de F1 et de pouvoir échanger avec lui. J’ai hâte de pouvoir vivre cette expérience. 

Quel est le budget nécessaire pour participer à de telles courses ?

Honnêtement, je n’en ai aucune idée. Tout ce que je sais, c’est que le coût est similaire au karting. Mais le coût de la voiture n’est pas la seule dépense… Il y a encore les inscriptions, les déplacements, les tests. Si l’on laisse tout faire par d’autres personnes, le budget explose rapidement, mais ce n’est pas mon cas. À 5, on a complètement démonté la voiture et on a tout refait à neuf. On a fait un travail de fou. On a mis un mois et demi pour tout terminer. Mais comme tout sport mécanique, les coûts sont importants et on a besoin de sponsoring. Assurer seul toutes les dépenses est difficilement tenable. 

Il s’agit d’une compétition où l’on peut inscrire deux pilotes par voiture. Pouvez-vous nous en dire plus ? Savez-vous déjà avec qui vous partagerez la voiture ? 

Chaque weekend de course est composé de deux courses de 61 minutes, l’une le samedi et l’autre le dimanche. À partir de la 20ème minute et jusqu’à la 40ème minute de course, il faut faire un arrêt aux stands d’une durée minimale de 2 minutes. Pendant ce temps-là, tu peux faire un changement de pilote. Je ne vais pas rouler tout seul, cela serait trop cher. Il vaut mieux rouler à deux pour répartir les coûts. Je partagerai la voiture avec Gil Linster. 

Est-ce que tout ce programme n’est pas trop difficile à concilier avec l’école ? 

Je fais actuellement un apprentissage, sous régime de classe concomitante. Je suis la moitié du temps à l’école et l’autre moitié du temps, je travaille pour Mercedes Merbag à Esch-sur-Alzette. J’ai la chance que mes patrons me soutiennent à 100%. Concilier école, travail et compétition n’est pas évident, mais avec une bonne organisation et une bonne méthode de travail, j’y arriverai, d’autant plus que ces trois occupations sont complémentaires… Cela peut même m’aider en course. Je peux plus facilement détecter ce qui manque au moteur pour gratter quelques dixièmes. C’est un bon avantage… 

Qu’en est-il pour le karting ? Est-ce que vous arrêtez la discipline ? 

En tout cas, la BWM Cup sera prioritaire. Après, si au niveau du budget c’est faisable, je pourrais faire l’une ou l’autre course, mais ce n’est pas du tout certain. L’important est de réussir une bonne saison en BMW Cup. 

Qu’est-ce que vous appelez « bonne saison » ?

C’est difficile à dire, mais à ce que j’ai pu voir des vidéos, le niveau des pilotes du Top 20 est excellent. Mon but devrait être d’intégrer ce Top 20. Plus on montre dans le classement, mieux c’est, évidemment. Mais je vais me retrouver face à des adversaires qui ont pas mal d’expérience dans la compétition. Donc, un Top 20 serait bien. Mais peut être que mes ambitions évolueront au fil de la saison. 

À l’avenir, est-ce que vous savez déjà vers quelles disciplines vous comptez vous tourner ? 

Ma seule certitude, c’est que ce sera sur circuit. Je ne ferai pas de rallye par exemple, ça ne me dit rien.  Spontanément, je dirais que l’objectif serait de participer un jour au DTM. Mais peut-être que je changerai de disque après l’essai de la GT4… Il faudra aussi voir au niveau du budget que j’aurai à ma disposition. On verra.

Lors de vos débuts en karting, vous avez eu des mentors. Je pense par exemple à Gil Linster ou à Kim Longhino. Est-ce que vous avez désormais repris ce rôle ?

Oui. Je suis avec attention Max Engel. En 2023, il a disputé sa toute première saison et il a montré de belles choses (n.d.l.r il termine vice-champion de Luxembourg en U10). Il a un caractère qui me plaît bien. On est en train de travailler pour faire de lui un pilote très rapide. L’idée est qu’il puisse viser un Top 10 ou pourquoi pas même un Top 5 en ligue du Grand Est.  

Andy Foyen

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