Les Roud Léiwen se préparent à défier la Géorgie dans l’optique d’une qualification qui serait historique. Mais si les coéquipiers de Laurent Jans se sont donnés le droit d’y croire, c’est bien grâce à leur campagne d’éliminatoires exceptionnelle. Retour avec le capitaine des Roud Léiwen sur cette aventure des Qualifiers Euro 2024.
Dans le football, certaines rencontres sont plus marquantes que d’autres. Au cours d’une période où nous sommes abreuvés du sport roi en continu, il est parfois difficile de faire du tri, des choix sur les rencontres à voir ou bien même celles qui nous ont le plus marqué au cours des 12 derniers mois. Une chose est sûre, pour le football grand-ducal, le 20 juin 2023 aura été marquant, puisque cette rencontre aura eu valeur de déclic et de match référence dans cette folle quête d’Euro 2024.
Ce que nous confirme le capitaine : « Pour moi, le tournant, c’est le match en Bosnie. C’était la dernière rencontre de la saison, tout le monde était forcément un peu fatigué, mais la performance que toute l’équipe a fourni ce jour-là nous a permis de l’emporter 2-0 de manière logique selon moi, avec une réelle maitrise de notre part et c’est pour ça qu’à partir de ce match, on a senti qu’on pouvait faire quelque chose pour la qualif. »
Et si c’était possible ? Et si la sélection, si souvent raillée par le passé, pouvait réaliser ce qui paraissait encore impensable il y a de cela encore quelques mois ? Les supporters semblent y croire de plus en plus et cet enthousiasme pour le ballon rond ne cesse de croitre, comme en atteste Laurent Jans : « Nous avons ressenti l’engouement national monter au fur et à mesure. Il y a un grand changement qui se met en place depuis plusieurs mois, voire années, on sent que le regard sur l’équipe nationale a changé » explique le numéro 18 avant de poursuivre. « Nos performances ont aussi amené les personnes à s’intéresser un peu plus au football, je le vois bien quand je parle avec des gens, ils nous félicitent, ils nous suivent et nous regardent et franchement ça fait plaisir. Par exemple, le dernier match au Liechtenstein où il n’y avait plus d’enjeu, on jouait à domicile quasiment, car beaucoup de nos supporters avaient fait le déplacement pour nous soutenir et personnellement, je n’avais jamais vu ça depuis que je suis en sélection. »
« Il y a un grand changement qui se met en place depuis des mois, voire années, on sent que le regard sur l’équipe nationale a changé. »
Un engouement à la hauteur
Cet engouement est également palpable chez les fans les plus inconditionnels, faisant partie de groupes de supporters, ces derniers ne cessant de croitre.
Mais si le Grand-Duché est parvenu à réaliser un si bon parcours, il le doit en grande partie à un groupe soudé et qui se connait depuis un bon moment pour la plupart d’entre eux selon Laurent Jans : « On a une équipe très soudée. Ça fait longtemps qu’on évolue ensemble, il y en a pas mal qui ont joué ensemble dès les catégories jeunes donc c’est assez exceptionnel quand on compare aux autres nations. On a également des jeunes qui viennent renforcer l’équipe comme Yvandro Borges donc c’est un super plus pour le collectif aussi. »
Et l’enthousiasme des foules mêlé à un groupe très uni a permis de déplacer des montagnes et de réaliser un parcours qui aura fait vibrer et espérer jusqu’au bout. Et même si cette campagne est historique en l’état, puisque le record de points a été battu, le capitaine nous explique les raisons de ces performances, qui selon lui ne sortent pas de nulle part : « Nous sommes devenus plus ambitieux entre nous. C’est fini les défaites encourageantes où on se satisfaisait de perdre mais d’avoir bien résisté. Nos joueurs jouent désormais dans des clubs ambitieux, avec la pression qui est présente quotidiennement. C’est pour ça qu’on savait qu’on voulait faire quelque chose de grand lors de ces qualifications. Désormais, on sait que si tout le monde est à 100%, qu’on tire tous dans le même sens et qu’on a parfois les petits détails du football qui tournent en notre faveur, comme le pénalty bosnien manqué au match aller par exemple, on est capable de faire de grandes choses. »
« C’est fini les défaites encourageantes où on se satisfaisait de perdre, mais d’avoir bien résisté. »
Des performances sur lesquelles bâtir
Au moment de revenir sur le match le plus abouti de la sélection sur ces éliminatoires, Jans hésite, preuve de plus s’il en fallait une que les matchs références ont été nombreux : « C’est difficile à dire. Le match contre la Bosnie à la maison, on gagne 4-1 et ça ne souffre d’aucune contestation. Nous avons vraiment évolué à un très haut niveau lors du match contre la Slovaquie à la maison, surtout en première période. Malheureusement, le résultat n’était pas au rendez-vous à la fin. Je vais donc rester sur le match face à la Bosnie, car c’est une victoire. »
Cette phase de qualifications restera également marquée par la finale pour la deuxième place face à la Slovaquie le 16 octobre dernier au Stade de Luxembourg, dans une rencontre qui laissera forcément de gros regrets, mais aussi une forme de satisfaction d’avoir su répondre présent. Même si ça n’a pas suffi, comme en témoigne le capitaine : « C’est là où je dois dire que le groupe a le plus évolué. La pression augmentait, tout le monde parlait de nous, sur nos capacités à tenir et faire un bon match face à l’enjeu qui se présentait et je trouve qu’on a vraiment dominé, notamment sur la première période. On réussissait à repartir de derrière et à sortir de leur pressing. Après comme évoqué précédemment, il y a des détails dans le football, et le fait que l’arbitre revienne sur sa décision de nous donner le pénalty alors qu’il y a bien un contact sur Leandro, c’est un moment bascule dans la rencontre. Il y avait réellement la place pour gagner ou au moins faire un nul, donc évidemment que la déception était énorme.
Mais sur ce match, j’ai vraiment vu que le groupe était capable de répondre présent au moment où on l’attendait le plus. »
« Nous avons vraiment évolué à un très haut niveau lors du match contre la Slovaquie à la maison, surtout en première période. »
Rendez-vous en terre hostile
Alors forcément, avec de telles prestations et une habileté à répondre présent dans les moments clés qui semble se développer de plus en plus, l’envie d’écrire un peu plus l’histoire est présente, tout en restant lucide sur le fait qu’une non-qualification à cet Euro ne serait pas un échec en soi : « Je ne pense pas qu’on puisse parler d’un échec si le Luxembourg ne se qualifie pas à l’Euro. Après, on est tellement proche qu’on veut y aller et on ira en Géorgie pour gagner, même si on sait parfaitement que ça sera difficile là-bas devant leur public. »
Et le capitaine de la sélection a bien conscience que leur premier adversaire du barrage, la Géorgie, se trouve dans une situation semblable à la leur, même si cela ne le fait pas dévier de l’objectif des Roud Léiwen: la qualification : « La Géorgie est une équipe qui se trouve dans une situation similaire à la nôtre et qui peut écrire l’histoire du football dans leur pays, donc ils vont forcément avoir ce surplus de motivation pour se qualifier et ça sera très compliqué. Mais nous allons là-bas pour gagner et rien d’autre. »
Une qualification qui passera donc par une performance historique à Tbilissi le 21 mars prochain, avant de recevoir le Kazakhstan ou la Grèce à domicile. Cela sera à coup sûr ardu, mais nos Roud Léiwen ont su nous montrer qu’ils en étaient capables lors de ces éliminatoires.
Boris Saint-Jalmes
