Notre critique d’Inside, présenté au Lux Film Festival

Si le film de Vasilis Katsoupis nous offre une très belle performance de Willem Dafoe, le huis-clos ne réussit néanmoins pas totalement son coup, la faute à un scénario trop léger et un réalisme parfois défaillant.

Inside de Vasilis Katsoupis : ★★★☆☆

Nemo (Willem Dafoe) est un voleur d’art haut de gamme qui, avec une petite équipe, planifie un cambriolage dans un luxueux penthouse de Manhattan. Ils l’ont minutieusement planifié, mais à peine Nemo entre-t-il que les choses tournent mal. Non seulement le tableau qu’il recherche n’est nulle part en vue, mais le voleur se retrouve bloqué à l’intérieur de l’appartement. Enfermé, avec rien d’autre que des œuvres d’art inestimables et quelques morceaux de nourriture, son équipe l’abandonne, livrant le voleur à rien de moins qu’un emprisonnement.

Avant tout, une chose est claire. Non, « Inside » ne propose pas un scénario au réalisme fou. Ainsi, dur à croire qu’une alarme incendie (enfin) activée au sein d’un appartement de millionnaire ne provoque pas une ouverture des portes par la multitude de concierges en charge du précieux penthouse. Tout comme il est difficile de concevoir qu’un régulateur de températures cassé passe sa vie à osciller des températures les plus chaudes à un froid glacial. Reste alors à savoir si ces « détails » vous feront sortir du film, ou si vous saurez vous focaliser sur ce qui est le thème principal du thème : suivre Willem Defoe qui essaie de se sortir de la prison la plus moderne ayant jamais existé.

Pour réellement apprécier Inside, il tient dès lors de ne pas s’attarder sur la crédibilité de l’intrigue, mais bien plus sur l’ambiance instillée au fur et à mesure que le film avance. Quand bien même l’histoire manque de crédibilité, rien ne nous empêche de sentir une profonde joie lorsque l’unique protagoniste trouve enfin une source d’eau, ou se met à danser la Macarena après avoir enfin eu accès à des denrées rares et précieuses. 

Beaucoup de l’immersion tient d’ailleurs à la performance de Willem Dafoe, qui, comme souvent, réussit à sublimer le long-métrage par le biais d’une réelle belle performance. Souvent considéré comme un acteur extrême, le pitch laissait imaginer un acting de tous les excès. Il n’en est pourtant rien, puisqu’au final, c’est bien dans une certaine forme de subtilité que « Nemo », héros du film, plonge, lentement mais sûrement, dans une folie certaine.

Second rôle de choix, l’art affiché dans tous les recoins de cet appartement est parfaitement trouvé pour accentuer le climat malsain du film. Peinture, photos, sculptures, messages critiques et autres recoins secrets offrent une réelle interaction avec Dafoe, qui, avec quelques caméras de vidéos surveillance deviennent vite les seuls interlocuteurs de notre arroseur arrosé. Suffisant pour les deux premiers tiers du film, avant de voir un léger sentiment d’usure sur la fin. La conclusion parait alors de plus en plus évidente, et devant une fin morose qui se présente à nous, il est dur de maintenir l’excitation devant les dernières tentatives d’échappée de notre prisonnier. La découverte d’une salle secrète, une séquence de rêve archi convenue, ou encore une vilaine blessure ne réussissent plus réellement à nous faire frémir, tant le ton du film, et l’isolement du personnage ne tend que vers une fin.

Sans surprise, celle-ci finit par se produire. Bien réalisée, la conclusion permet d’achever un périple tortueux pour notre personnage principal qui boucle la boucle avec un monologue de fin plutôt bien trouvé. Insuffisant pour faire de ce huis-clos une expérience inoubliable, quand bien même Willem Dafoe crève l’écran avec une performance bien plus fine que la bande annonce laissait prétendre. 

Inside n’est pas un mauvais film, loin de là, et peut se savourer durant une bonne heure, avant, au même titre que son héros, de se renfermer sur lui-même, incapable de trouver l’ouverture. Reste alors la fraîcheur d’un scénario somme toute original, une belle performance d’acteur, et quelques belles oeuvres d’art. On s’en contentera.

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