Notre critique de « The Son »

Deux ans après The Father, Florian Zeller fait son retour au cinéma avec une nouvelle adaptation d’une de ses pièces de théâtre, « The Son ». Un drame familial réussi, dans lequel Hugh Jackman, habité, rayonne à chaque scène.

The Son, de Florian Zeller ★★★☆☆

Longtemps abonné aux salles de théâtre, Florian Zeller avait en 2020, fait le grand saut dans le monde du cinéma. Avec l’adaptation de sa propre pièce « The Father », le réalisateur français s’était de suite fait un nom, tout en remportant pléthore de récompenses. En point d’orgue, évidemment, deux Oscars, l’un pour l’éternel Anthony Hopkins, et l’autre pour meilleur scénario. Une vraie réussite, mais qui peut aussi être synonyme de pression au moment de revenir, à peine deux ans plus tard. 

Pour son retour, Zeller prend la décision d’utiliser plus ou moins la même recette. Une nouvelle adaptation d’une des pièces de sa trilogie familiale, « The Son ». L’histoire narre alors la gestion pour des parents divorcés de leur enfant de 17 ans, en proie à de sérieux soucis personnels. Devant les difficultés du jeune Nicholas (Zen McGrath), Peter (Hugh Jackman) accepte d’héberger son fils chez lui, sa nouvelle compagne (Vanessa Kirby) et leur nouveau-né. Le long-métrage se concentre alors particulièrement sur Peter, avocat de talent, perdu entre la possibilité de rejoindre l’équipe d’un candidat aux élections présidentielles, et le désir de sortir d’un agenda de vie trop chargé pour se concentrer sur son fils en grande difficulté. 

Alors que The Father prenait le parti de nous amener dans un huis-clos, The Son s’affranchit totalement du monde du théâtre en offrant une réalisation couvrant plusieurs cadres, et n’hésitant pas à utiliser des plans courts pour offrir aux spectateurs un aperçu de la réaction de chacun. En ce sens, et c’est là quelque chose qui nous avait déçu dans « The Whale », on retrouve ici une vraie plus value à l’utilisation du monde cinématographique. Sans pour autant plonger dans une réalisation poussée, la gestion de la caméra, en particulier sur certaines scènes renforce l’immersion globale. On pourra peut-être regretter quelques scènes de flashbacks avec une recherche du symbolisme manquant d’une touche de finesse.

Au-delà d’une plus-value cinématographique, l’évidente réussite du film tient assurément dans la difficulté à comprendre, tant de la part des acteurs que des spectateurs, la véritable approche à mettre en place pour aider cet adolescent prompt à la dépression. On assiste alors, au même titre qu’un Hugh Jackman phénoménal, à un tiraillement constant entre une approche disciplinaire, et une empathie naturelle. Tout aussi conflictuel est évidemment la recherche de l’explication derrière la douleur de cet enfant. Provient-elle d’erreurs du passé, du présent, voire même d’abus datant de plusieurs générations ? En ce sens, la confrontation avec Anthony Hopkins, présent pour seulement une scène mais qui crève l’écran en quelques minutes, illustre parfaitement la recherche éreintante de la genèse derrière bonheur ou malheur. La dépression se trouve-t-elle toujours des racines, ou n’est-elle finalement rien d’autre qu’une maladie qui, comme tant d’autres, peut apparaitre sans aucune raison particulière ?

Une réelle difficulté à naviguer en eaux inconnues qui permet d’offrir quelques moments de grâce, à l’image d’une splendide scène de danse commune, et aussi d’instants poignants et douloureux. On pourra néanmoins regretter que le réalisateur ait pris le parti de situer son film dans notre époque. Une interview d’Hugh Jackman parlant du sujet de la dépression adolescente, dans laquelle l’acteur australien clamait que le tabou sur ce mal était aujourd’hui bien moins présent que par le passé interroge sur un film qui insiste profondément sur la peur du mot « Déprime ». Dans ce contexte, il aurait semblé plus judicieux de raconter ce film dans une époque un peu plus ancienne, là ou la libération de la parole sur cette souffrance était bien moins présente. Ce qui ne nous empêche pas, évidemment, de saluer l’effort du long-métrage, qui sensibilisera encore un peu plus au besoin d’écouter et aider, quand bien même on ne comprend pas nécessairement la genèse du problème.

Avec des seconds rôles eux aussi impeccables, The Son s’affranchit aisément du monde du théâtre tout en conservant une véritable puissance émotionnelle. Seul une scène finale, qui pourrait faire grincer des dents certaines personnes pousse la recherche du pathos un brin trop loin. Pas suffisant pour ternir la qualité intrinsèque d’un film réussi, qui nous prouve, s’il le fallait vraiment que oui, Hugh Jackman est un formidable

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