Benoît Magimel, le nouveau boss du cinéma français

Alors qu’il était à l’affiche de trois films présentés à Cannes (Rosalie, Omar la fraise, et La Passion de Dodin Bouffant), l’acteur français de 49 ans semble être au sommet de son art et se voit adoubé par ses pairs. Retour sur un parcours sinueux qui a fait l’homme et l’acteur qu’il est aujourd’hui.

Benoît Magimel est entré très jeune dans la famille du cinéma français. A 13 ans plus exactement, lorsqu’il décroche un rôle dans le film La vie est un long fleuve tranquille, d’Etienne Chatiliez, dans lequel il campe le rôle de « Momo » Groseille. Dans les années 1990, la gueule d’ange enchaîne les apparitions, dans La Fille seule de Benoît Jacquot en 1995, et dans La Haine de Mathieu Kassovitz. En 1996, il côtoie déjà des grands comme Catherine Deneuve et Daniel Auteuil, en jouant dans Les Voleurs, d’André Téchine, qui lui permet d’être nommé au César du meilleur espoir masculin en 1997. Le jeune acteur figure également dans plusieurs drames et thrillers, comme Déjà mort, d’Olivier Dahan, ou Une minute de silence, de Florent-Emilio Siri qui deviendra un de ses réalisateurs fétiches.

Une carrière qui dépasse les soixante films

Le début de la consécration arrive en 2001, lorsqu’il décroche le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes, pour son rôle d’amant d’Isabelle Huppert, dans La Pianiste, de Michael Hanneke. Pendant ces années, on lui dit qu’il a « le physique d’un jeune premier », ce qui l’agace profondément. « Je détestais ça », confiait-il récemment, lors du dernier festival. La décennie qui suit, Benoît Magimel enchaîne les rôles variés, de Cloclo de Florent-Emilio Siri, à La Tête haute d’Emmanuelle Bercot, en passant par La fille de Brest de la même réalisatrice, La French avec Jean Dujardin, ou encore Carbone d’Olivier Marchal.

Pendant un moment, l’acteur se fait plus discret au cinéma et la presse (people surtout) se fait davantage écho de ses addictions et de ses démêlés avec la justice. Il retrouve, en 2019, la bande de copains des Petits mouchoirs de Guillaume Canet pour la suite, Nous finirons ensemble . En 2022, il renoue avec sa réalisatrice favorite, Emmanuelle Bercot, et reçoit le prix Lumière du meilleur acteur ainsi que le César du meilleur acteur pour son rôle de victime d’une maladie incurable dans De son vivant. Il touche aussi le public dans Revoir Paris d’Alice Winocour, dans lequel il accompagne Virginie Efira dans sa tentative de reconstruction après les attentats de 2015.

L’ovni Pacifiction, puis la lumière de Cannes

Apaisé, plus mature, qui s’assume tel qu’il est, le presque quinqua (il a 49 ans) installe sa « gueule » parmi les plus marquantes du cinéma français et semble arriver progressivement au sommet de son art. L’année 2023 le confirme. L’acteur débarque en effet au Festival de Cannes en étant à l’affiche de pas moins de trois films. Avant même leur projection, tout le monde parle encore de sa performance dans l’inclassable Pacifiction d’Albert Serra, qui lui vaut un nouveau César du meilleur acteur. Dans les trois films présentés à Cannes, il retrouve son ex-compagne Juliette Binoche dans La Passion du Dodin Bouffant, donne le change au magnifique Reda Kateb dans Omar la fraise, et enfin fait face à Nadia Tereszkiewicz, meilleur espoir féminin 2023, dans Rosalie, de Stéphanie Di Giusto.

Plus présent que jamais sur les écrans, endossant une nouvelle stature et prenant enfin du plaisir à occuper cette place importante dans le gotha des acteurs français, Benoît Magimel a définitivement passé un cap ces deux dernières années. Celui qui l’emmène au sommet des interprètes de sa génération.

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