Pakistan : un chrétien emprisonné pour blasphème condamné à mort

La peine à perpétuité pour le plus ancien prisonnier pour blasphème au Pakistan a été changée en mort par pendaison.

Zafar Bhatti, la cinquantaine, est en prison à Rawalpindi, dans le nord-est du Pakistan, pour avoir prétendument envoyé des SMS insultant la mère du prophète musulman Mahomet, une accusation qu’il a toujours niée.

Des aveux sous torture ?

Le groupe de défense Release International affirme qu’en 2012, M. Bhatti rassemblait des preuves de persécution chrétienne lorsqu’il a été accusé d’avoir envoyé des textes diffamatoires. Il a toujours dit que les SMS étaient envoyés depuis un téléphone qui n’était pas enregistré à son nom.

En mai 2017, Bhatti, que les rapports décrivent comme un pasteur ou un travailleur caritatif, a été condamné à perpétuité. La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale affirme que M. Bhatti aurait été torturé pour lui arracher des aveux et a été agressé en prison.

Sa condamnation à mort a provoqué un tollé international, qui a conduit à son acquittement en 2018 par la Cour suprême du Pakistan. Elle fut ensuite autorisée à accepter une offre d’asile à l’étranger.

Un appel contre sa condamnation à perpétuité a été déposé devant la Haute Cour de justice de Lahore, à Rawalpindi.En octobre, un juge de la Haute Cour, Abdul Aziz, a entendu l’affaire de M. Bhatti et l’a renvoyée devant le tribunal de district, demandant un réexamen de la condamnation antérieure au motif que l’article 295C du Code pénal pakistanais rendait la peine de mort obligatoire.

Le 16 décembre, son avocat, Naseeb Anjum, a posé des questions sur la condamnation de M. Bhatti. Le juge Shehzad a reconnu que les questions faisaient sens et a demandé à l’avocat adverse des réponses lors de l’audience suivante. Cela a suscité de l’espoir parmi les partisans de M. Bhatti.

Une loi utilisée à des fins cruelles

Le 24 décembre, cependant, l’avocat adverse, Muhammad Yasir, a rappelé au juge que l’audience portait simplement sur la sévérité de la peine, et non sur le bien-fondé de la condamnation initiale. Le juge Shehzad a accepté et, le 3 janvier, a prononcé la peine de mort.

L’épouse de M. Bhatti, Nawab Bibi, a déclaré être brisée par la décision du juge. « Bhatti est innocent. Il a été piégé », a-t-elle dit et a demandé des prières pour son mari.

Lundi, Release International a exprimé ses inquiétudes pour la santé de M. Bhatti, signalant qu’il « a eu deux crises cardiaques, [et] souffre de diabète, d’une cataracte et d’une surdité partielle ».

Le directeur de CLAAS-UK, Nasir Saeed, a déclaré après le verdict du 3 janvier que la loi pakistanaise sur le blasphème était « fréquemment utilisée à mauvais escient dans des conflits personnels, et pour cibler des minorités religieuses et opprimer des opposants politiques ou des voix critiques ». Il a accusé le gouvernement pakistanais d’exacerber « les clivages religieux et de créer ainsi un climat d’intolérance religieuse ».

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